Vingt-trois ans se sont passés depuis les événements d'Octobre 1988. Des événements diversement appréciés par les uns et les autres. «Chahut de gamins», pour les uns, «révolte du pain», pour les autres. Les partisans de la théorie du complot parlent, eux, de «bataille de clans» à l'intérieur et autour du pouvoir. Vingt-trois ans après, le diagnostic est toujours difficile à établir. Surtout quand on s'entête à réduire les Algériens à des foules manipulables à souhait. 23 ans après les événements d'Octobre 88, les attentes des Algériens n'ont pas significativement changé tant leurs conditions de vie n'ont pas aussi évolué dans la trajectoire souhaitée. Pour contourner l'idéologie de l'oubli et le dogme de la «complotite», l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) tient, comme chaque année, à commémorer l'événement. Octobre 88 est bel et bien une étape dans les mouvements sociaux de l'Algérie indépendante. La célébration de 2011, qui intervient dans un contexte d'intifadha arabe, se déroule depuis lundi sous le slogan «Pour un changement responsable par une citoyenneté active». Entamée avant-hier par une série de conférences, abritée par la Maison des syndicats, la célébration sera clôturée aujourd'hui à la place des Martyrs par un rassemblement pacifique. La matinée de la première journée de cette célébration a connu une série de conférences dont les thèmes sont liés aux luttes des forces politiques et sociales des peuples pour la démocratie et la dignité. Sous le thème «Algérie 2011, quel prolongement pour la révolution inachevée d'octobre 88 ?», trois acteurs ont été conviés pour aborder la question. Pour le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), M. Idir Achour, «le 5 Octobre 88 est lui-même un prolongement d'autres phases antérieures de luttes pour les libertés». Le porte-parole du CLA a souligné que les contestations reposent sur deux facteurs : la fermeture des espaces de libertés ainsi que la situation de précarité sociale dans laquelle se trouve des pans entiers de la société. Idir Achour note, à cet effet, que «les conditions ayant provoqué l'explosion d'Octobre 88 sont encore là». Ces conditions renvoient au malaise social que vit le pays ainsi qu'à la fermeture du jeu politique. «Il faut de nouvelles têtes pour voir se prolonger l'esprit d'Octobre», note Idir Achour, qui regrette le fait que «le pouvoir discrédite toute forme de représentation sociale». Hakim Addad, secrétaire national du FFS, chargé des mouvements sociaux, a évoqué, pour sa part, les acquis d'Octobre 88. Sans oublier de mettre en avant «les gens qui se sont battus depuis 1962, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays pour les libertés démocratiques», dira-t-il. Tout en déclarant qu'Octobre 88 n'est pas tombé du ciel, Hakim Addad tient à rappeler que «c'est le pouvoir algérien qui a arrêté le processus démocratique. Ce qui a mis le pays sur la voie de la guerre civile…». Pour M. Addad, l'ampleur des choix du pouvoir est tellement lourde que toute la responsabilité lui incombe dans cette «œuvre». Concernant le présent, le représentant du FFS ne se fait pas d'illusion quant aux résultats des réformes engagées par le régime. Il estime, à ce propos, que «ces réformettes sont destinées à une consommation externe». Et de souligner que «même le pouvoir et sa clientèle n'en croient pas». Le troisième intervenant a été M. Tahar Belabès du Collectif national des chômeurs, qui a appelé le ministère du Travail à définir les besoins du marché de l'emploi. L'atelier de l'après-midi a été dédié au thème «La jeunesse face au défi de la construction d'un Maghreb des peuples». Le débat a été animé par le président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, et deux invités du Maghreb, à savoir la Tunisienne Dahmani Sara et le Marocain Ghassane Hassane Wail Karmounie. Au deuxième jour de la rencontre, ce sont des enseignants universitaires et des étudiants qui ont été invités à s'exprimer sur la situation de l'université algérienne. Le débat a été évoqué sous le thème «Etudiant-enseignant, quelle voie pour la démocratisation de l'université algérienne ?». La seconde conférence-débat a traité la question «Maghreb-Machrek, révolution démocratique et sociale, la marche pour le changement». A. Y.