L'opération de recensement des sinistrés, au lendemain des inondations enregistrées au chef-lieu de wilaya d'El-Bayadh, continue d'alimenter la polémique entre les vrais et faux sinistrés. Une semaine après les inondations, qui ont fait 11 morts, un disparu et des dizaines de familles sans abri, voilà que les promesses données, quant au relogement des sinistrés, commencent à devenir une réalité pour des dizaines de familles. En effet, c'est ce lundi qu'est prévu le relogement de la première vague dont le nombre avoisinerait la quarantaine. Selon nos sources, les bénéficiaires seront triés parmi ceux ayant rejoint le centre de transit, sis à l'ex-Sonipec, où plusieurs familles ont élu domicile au lendemain des inondations. Leur nombre est quotidiennement multiplié, lequel est tributaire des résultats du recensement du jour qui permet aux seules familles jugées réellement sinistrées d'accéder à ce campement de luxe où toutes les commodités sont réunies, alors que des dizaines d'autres se retrouvent encore dans des établissements scolaires. Hier, l'ordre a été donné pour évacuer l'école El-Feth, et ce, pour permettre aux écoliers de rejoindre les salles de cours tandis que 3 autres établissements demeurent toujours occupés. “Il ne s'agit ni de lenteur ni encore moins de calculs malveillants mais plutôt de précautions soutenues afin d'éviter quelques surprises”, nous dira un membre de la commission de la wilaya. Pour l'heure, ce sont des centaines de familles à espérer même si elles sont aussi des centaines à vouloir profiter de la situation. Ce qui renvoie à l'interrogation de savoir qui est le véritable sinistré. L'opération de recensement des sinistrés au lendemain des inondations enregistrées au chef-lieu de wilaya d'El-Bayadh continue d'alimenter la polémique entre les vrais et faux sinistrés. Pour la commission d'évaluation, il n'est pas question de céder à la pression des citoyens sinon il serait préférable d'inscrire toutes les habitations ayant frôlé la ruine. D'après les premiers éléments d'enquête, seules les habitations ne disposant d'aucune commodité devraient être inscrites pour être ensuite démolies sur le champ. Or la plupart des habitants se trouvant sur les rives de l'oued espèrent voir leurs doléances satisfaites et par conséquent devraient figurer sur les listes établies par la commission de wilaya, sur la base des contenus des procès-verbaux des commissions techniques frappés du visa du CTC. À voir dans le détail, il est quasiment impossible de finir l'opération surtout que les résultats d'enquêtes devaient apparaître sur les sites pour que des décisions soient prises immédiatement. Cette stratégie à même d'éviter des infiltrations, à croire les commentaires aussi bien des membres de la commission de la wilaya que des habitants concernés, semble la moins adéquate. D'ailleurs, à travers les écoles où s'engloutissent encore des familles, il est quasiment impossible de gérer sans grabuge où même la communication paraît difficile à engager. Des cris de colère, des injures et toutes sortes de critiques fusent de partout. À même le sol, des familles entières refusent de quitter les lieux, notamment celles se trouvant en qualité de locataires, alors que des propriétaires ayant loué leur maison à des tierces font irruption pour demander le même statut que les vrais sinistrés. Devant ce brouhaha et au milieu d'amas de poussière, des enfants en pleurs rajoutent leurs lots de stress et de non-gestion. Celui qui détient la liste des familles à transférer vers le centre de transit est carrément bousculé et dépassé par les événements. Point de place à la patience ni encore à la sagesse. Le même topo est dégagé à travers les trois écoles érigées en centre d'hébergement. Tout le monde attend quelque chose qui ne veut pas arriver. À la moindre sirène des pompiers ou des services de police, des femmes et des hommes se mettent debout à la recherche d'une nouvelle. Ce n'est rien, c'est finalement le casse-croûte qui arrive avec deux heures de retard. Là commence encore une autre histoire. Il arrive même où de jeunes bénévoles sont pris à partie pour remettre le fameux repas froid qui est loin d'être équilibré, diront certains pères de familles, notamment au niveau de l'école El-Feth. Du côté du centre de transit, chaque soir de nouvelles familles font connaissance avec celles déjà établies depuis les premiers jours du sinistre. Les commentaires vont bon train au point où même les bilans officiels sont remis en question, chose qui touche, par ricochet, à la crédibilité des autorités, notamment dans la manière adoptée pour l'établissement des listes des vrais sinistrés. Une virée vers ce quartier populeux d'Oued El-Ferane n'est pas chose aisée. Et pour cause, ses habitants ne sont pas près d'oublier la nuit du sauve qui peut, conjugué aux multiples promesses reçues depuis l'année 2000. En fait, il s'agit, d'après eux, du cinquième recensement effectué sans qu'aucune mesure ne vienne apaiser la souffrance des familles alors que la plus jeune bâtisse a déjà un siècle d'existence. D'après des sinistrés, le dernier recensement remonte au mois de mai passé sans qu'aucune suite ne fut enregistrée L'atmosphère de désespoir vient notamment des familles locatrices de taudis puisque les éventuels bénéficiaires seraient les propriétaires qui n'ont pas tardé à le faire savoir. Des rixes ont eu lieu rien que pour s'inscrire auprès des commissions de wilaya, lesquelles, dans la plupart des cas, inscrivent seulement les familles ayant rejoint les centres d'hébergement des sinistrés. Cette logique est loin de refléter une quelconque réalité puisque des familles ont refusé d'être transférées alors que leurs bâtisses ont été entièrement emportées par les crues de samedi dernier. En attendant la levée des équivoques, le temps s'accélère et risque même d'entraîner des situations ingérables, une éventualité à ne pas exclure, que les autorités compétentes devraient prendre en considération. A. Moussa