Une proposition de loi soulevant, une nouvelle fois, la question de la revendication de restitution du sigle FLN-ALN à la mémoire collective vient d'être déposée par quelques députés. Si le sigle ALN a effectivement pris place au musée de l'histoire nationale, cinquante ans après l'Indépendance, l'abréviation FLN sert toujours de fonds de commerce à des clans qui se le disputent sous la forme de parti. Converti en instrument de contrôle de la société et de mainmise sur la rente, il a concentré tous les conflits qui meurtrissent l'Algérie depuis la libération : antagonisme civil-militaire, oppositions régionalistes, rivalités claniques… Putschs et tentatives de putschs, “coups d'Etat scientifiques” et “redressements” rythment son existence d'après-guerre. Comme avant la guerre, d'ailleurs. D'abord parti unique, il a servi, durant trente ans, comme moyen de légitimation du monopole sur les ressources et les consciences nationales. De ce point de vue, et jusqu'à aujourd'hui, le FLN n'a jamais été un parti, au sens où il exercerait son empire sur la vie politique ; il a toujours rempli la fonction exécutive de traduction populiste de l'emprise du pouvoir militaire et de ses mandatés civils. Là où cette œuvre d'endormissement populaire perdait de son efficacité, il développait ses fonctions de réseau de vigilance, en complément de la mission de la police politique. De l'article 120 aux BSP, tout a été inventé pour régenter la conscience même des Algériens, surtout des plus qualifiés d'entre eux. Ce travail de répression et de police a à peine décru avec l'avènement du multipartisme. Si, en 1991, les “réformistes” ont été débarqués à la première opportunité, c'est surtout pour contrecarrer leur volonté de “normalisation” du parti FLN. En fait, la survie du FLN-parti est contradictoire avec la prétention de réforme : la restitution du sigle à son statut symbolique et historique devrait constituer le premier élément de réforme du système. Transformé en structure de police de société et en mangeoire pour opportunistes, le parti FLN avait perdu ses attributs historiques de militantisme et de combativité : à l'avènement du FIS, il dut battre en retraite, se laissant pousser la barbe, se convertissant à l'intégrisme ostentatoire ou en désertant le terrain politique. Et surtout le terrain de la lutte armée contre le terrorisme. Quand, en 2008, le président de la République prit l'initiative de constitutionaliser la protection des symboles de la Révolution, il s'est soigneusement limité à prévenir les atteintes aux symboles “devenus ceux de la République” (article 5), l'emblème et l'hymne nationaux, abandonnant le sigle FLN à son triste destin qui en a fait un appareil de défense d'intérêts claniques. Que fait donc un Front de libération nationale dans une république indépendante depuis un demi-siècle ? Rien sinon de faire vivre l'imposture selon laquelle la révolution libératrice reste à défendre. Par une catégorie de citoyens, à la fidélité certaine, contre une autre, suspecte d'infidélité à la Révoltion ! Toute la tragédie du symbole du combat libérateur est là : des groupes d'intérêts se disputent un élément constitutif de la mémoire d'une nation et se succèdent à sa tête pour mieux protéger leurs positions mal acquises d'après-indépendance. M. H. [email protected] OMAR 13-10-2011 02:02 mecipsa 13-10-2011 00:06 Rabah 12-10-2011 20:54 yacin blaha 12-10-2011 20:40 Tazmalt 12-10-2011 20:27 Kaci 12-10-2011 18:28 nostalgie 12-10-2011 18:19 africainberbere 12-10-2011 15:38 Omar 12-10-2011 15:05