Plus de 100 000 personnes exercent dans des marchés parallèles. Les premiers jours du ramadan ont montré, de nouveau, l'importance de l'informel dans l'approvisionnement de la population en produits de large consommation. Une communication de la Direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes du ministère du Commerce, présentée récemment au cours d'un atelier organisé par la fondation Fridrich Ebert, en situe justement les dangers. Au plan des constats , il convient de signaler que les résultats du recensement et de l'identification des marchés, ainsi que des intervenants informels à l'échelle nationale effectuée par les services du commerce, a permis de dénombrer plus de 700 marchés informels d'une superficie globale de 2,7 millions de m2 et au sein desquels activent plus de 100 000 personnes, soit 14% des commerçants inscrits au registre de commerce (826 000 à fin juin 2003). Les activités informelles se concentrent dans douze wilayates : Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou , Boumerdès, Bouira, Oran, Aïn Defla, Jijel , Mila, Khenchela, Oum El Bouaghi , Ouargla . Ces dernières abritent plus de 60% des marchés informels recensés.Les intervenants dans ces espaces sont de jeunes chômeurs et d'anciens employés d'entreprises publiques dissoutes. Les investigations menées pour les besoins du recensement ont permis de constater de graves infractions à la reglémentation . D'abord , les règles relatives à l'hygiène et à la salubrité ainsi que les conditions d'entreposage et de conservation des produits périssables, ne sont pas respectées. Ce qui constitue un véritable danger pour les consommateurs. Autre anomalie : plus de 50% des intervenants dans ces espaces sont dépourvus de registres de commerce . En outre, la quasi-totalité des adjudicataires exploitant ces marchés ne dispose pas de documents indispensables , en dépit de la codification de cette activité dans la nomenclature en vigueur . Et l'obligation d'inscription au registre de commerce n'est pas reprise dans les cahiers des charges établis par les APC. Les mêmes services ont relevé également l'occupation de certains sites sans l'autorisation des APC, l'insuffisance des ressources pour l'aménagement par les communes des marchés à étals à même de réduire le nombre d'intervenants informels. Par ailleurs , les marchés recensés ne sont pas délimités et, encore moins, clôturés dans la majorité des cas. Les différentes enquêtes sectorielles ainsi que l'observation du fonctionnement de ces marchés montrent, de surcroît, lit-on dans la communication, que les activités informelles concernent, outre le secteur de la distribution, l'agriculture, l'industrie de transformation et les services tels que celui des devises convertibles …Elles opèrent en dehors des règles de transparence et de fluidité de l'information , caractéristiques essentielles d'une économie de marché. Le secteur informel est surtout présent, sinon dominant, dans les circuits de distribution par la multiplication d'intermédiaires et de mandataires, ainsi que par la constitution de réseaux informels de revente de produits allant jusqu'à l'occupation sans autorisation du domaine public. Le secteur informel constitue une sérieuse menace pour le secteur productif de biens et services ainsi que les commerçants réguliers. Il fausse le jeu de la concurrence et entraîne des pertes d'argent pour les opérateurs. Ce sont des pans d'activité qui subissent la pression du secteur informel sur le double plan de la rupture des conditions de transparence et du développement des pratiques déloyales dont la principale d'entre elles est liée à l'absence de facturation, source d'évasion fiscale. En s'affranchissant des obligations qui lient les professionnels, le secteur informel perturbe les activités économiques organisées, en offrant une situation anormalement favorable aux concurrents, d'où une atteinte à la concurrence, et des pertes de marchés pour les activités régulières " N. R. Les solutions Pour atténuer les effets du marché informel, des mesures supplémentaires doivent être prises, à savoir : - La mise en place des instruments d'observation et de suivi des marchés qui permettront de localiser les obstacles à la concurrence ; - La redynamisation du processus des réformes économiques centrée sur l'investissement et la relance économique afin d'orienter l'emploi vers le marché formel et l'insertion des demandeurs d'emploi dans les activités productives ; - Le développement d'une coordination soutenue au niveau institutionnel (justice, commerce, collectivités locales, impôts et douanes) en vue d'assurer l'efficacité nécessaire à la lutte contre le marché informel. D'autres actions doivent également être prises. Il s'agit notamment de : - l'appui au programme de réalisation de centres commerciaux initié par l'UGCM à travers le territoire national et non concrétisé faute de terrains d'assiette ; - la généralisation de l'obligation de l'utilisation des effets de commerce dans les transactions commerciales, notamment du chèque ; - la modernisation des services de contrôle chargés des enquêtes économiques et de la répression des fraudes. Cette action vise à doter ces services d'une capacité d'intervention et d'investigations en termes de moyens matériels, de formation de compétences et de renforcement de prérogatives ; - la mobilisation de ressources les collectivités locales pour l'aménagement de marchés devant abriter les activités commerciales non sédentaires conformes aux standards et normes en matière de sécurité et d'hygiène. Ces mesures peuvent s'avérer insuffisantes pour réduire, de manière tangible, le poids du secteur informel. C'est pourquoi, il est souhaitable d'engager une enquête nationale pour déterminer l'importance de ce secteur dans l'économie nationale en vue de situer les points d'équilibre indispensables à la stabilité socioéconomique du pays. Car, le secteur informel peut être contenu dans des proportions maîtrisables ne portant pas atteinte à l'économie nationale.