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Des économistes tirent la sonnette d'alarme
L'informel sur tous les étals
Publié dans El Watan le 27 - 11 - 2006

L'informel se banalise. Dans les commerces, les activités indépendantes et même les activités traditionnelles. Va-t-on vers une " informalisation " de l'économie algérienne ? C'est ce que craignent beaucoup d'économistes algériens.
Dans le brouhaha du marché Meissonnier, Samir, la trentaine, vend à la criée des ustensiles de cuisine. " Vous ne les trouverez jamais à des prix aussi bas ", assène-t-il. Comment ces produits ont atterri là à des prix défiant toute concurrence ? Pour toute réponse, Samir affiche un large sourire, murmurant qu'il n'est que le dernier maillon d'une longue chaîne. Les acteurs de ce marché regroupent plusieurs opérateurs comme les producteurs (industriels ou artisans), les importateurs, les commerçants grossistes, les commerçants détaillants et enfin les commerçants ambulants qui comme Samir agissent souvent par conjoncture. Le marché est miné par des pratiques frauduleuses comme l'utilisation de " prête-noms " pour le registre du commerce (dont un article inscrit dans la loi de finances 2005 est venu rectifier le tir) ainsi que la fausse facturation. Alors qu'une enquête récemment publiée par la commission européenne en Algérie (DCEA) a estimé que le commerce informel en Algérie représente entre 35 et 40% de l'économie nationale, des spécialistes du domaine considèrent que cette évaluation est quelque peu hasardeuse car personne ne peut avancer un taux qui se rapproche le plus de la réalité du terrain. D'après le département du commerce, plus de 50% des commerçants du très "fréquenté" marché d'El Hamiz exercent au noir. L'on se souvient qu'une majorité de ces commerçants avait fermé boutique après avoir appris que des agents de contrôle comptaient y faire une visite. Selon la direction du commerce de la wilaya d'Alger, jusqu'à la fin de l'année 2004, pas moins de 96 marchés informels ont été recensés dans la capitale et 732 marchés informels au niveau national, d'une superficie globale de 2,7 millions de m2 et au sein desquels activent plus de 100.000 intervenants, soit près de 13% des commerçants inscrits au registre du commerce. Le marché de l'informel semble ainsi bien ancré en Algérie.
Déséquilibre
Une étude de marché sur le tabac réalisée par l'Institut international media and market research (IMMAR) a permis d'estimer à 1/3 la part de l'informel dans le commerce du tabac. On lit aussi dans les publications de l'ONS que la production de chaussures du secteur public est passée de plus de 16 millions de paires en 1990 à un peu plus de 1 million en 1999. Il est clair que la différence est à chercher au niveau des importations. Le phénomène remonte aux années 70. Dans un ouvrage collectif du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), M. Nacer Eddine Hamouda, soutient que l'informel est venu en réponse au déséquilibre sur le marché des biens du fait d'une rigidité des prix de l'offre. Il explique : " A la faveur de l'embellie des prix pétroliers au début des années 80 on assiste à un accroissement des revenus réels des ménages qui se traduit par une augmentation de la demande de biens et services. Cette demande ne pouvant être satisfaite par l'offre nationale nous assistons à l'accroissement des importations du secteur public, mais comme ce dernier ne répondait pas tout à fait à l'exigence des ménages apparaît le fameux trabendo ".
Le mal se développe
Dans la mesure où des particuliers revendaient des biens achetés à l'étranger avec leur propre argent, il y eut par une demande accrue en devises. C'est ainsi qu'est apparu le change au noir. M. Hamouda souligne qu'à la même période et à la faveur de l'ouverture du secteur immobilier et de la vente d'une partie du parc de logements publics apparaît une autre forme d'informel de type spéculatif. Dans les années 90 et après la mise en application des nouveaux textes portant réformes économiques, le secteur prend de l'ampleur avec plus de transparence. La restructuration du secteur public va libérer plus de 600.000 travailleurs selon plusieurs formules. Dans le cadre de la démonopolisation du commerce extérieur, des milliers d'importateurs attitrés (estimés entre 38.000 à 45.000) vont se partager la bagatelle de 4,5 milliards de dollars annuellement et prennent la relève du commerce informel de la valise qui se trouve réduit à une portion congrue du fait de l'augmentation des prix du transport aérien et de la plus grande difficulté de circulation des personnes à cause du visa ", indique le sociologue. Depuis, le mal de l'informel s'est encore développé. Plus de la moitié des employeurs et indépendants, selon l'étude du Cread, ne sont pas affiliés à la Caisse de sécurité sociale. L'exploitation des enquêtes main-d'œuvre montre que plus d'un demi-million d'employeurs et d'indépendants ne possèdent ni un registre de commerce, ni une autorisation quelconque d'exercice de leur activité. Dans une étude réalisée par Mohamed Saib Musette pour le compte de l'Organisation internationale du travail (OIT), l'on parle même d'un mouvement " d'informalisation " de l'économie algérienne. D'après ce rapport, la domination du monde du travail par le secteur privé a été dopée par le développement de l'informel. La part des salariés dans la structure de l'emploi informel a pratiquement doublé, passant de 11% en 1992 à 20,7% en 2001. Autre fait inquiétant : l'étude de l'OIT a observé une nette régression des salariés permanents (le taux passe de 60% en 1989 à 41% en 2001). Le taux des salariés temporaires enregistre un saut spectaculaire avec un triplement de son poids dans la structure globale de l'emploi durant la même période, passant de 7% en 1989 à 21% en 2001. Au total, le secteur privé n'emploie que 5,2% de travailleurs salariés permanents ! S'appuyant sur les résultats d'une enquête sur le niveau de vie (1995) et l'enquête sur la consommation des ménages réalisée en 2000, l'étude de l'OIT établit une première comparaison des niveaux des salaires. Même si les salaires de l'informel ont marqué une augmentation de 25% en l'an 2000 par rapport à 1995, le taux moyen global cache des inégalités en rapport avec le secteur d'activité. Seuls les travailleurs du BTP et du secteur industriel enregistrent une nette augmentation des niveaux moyens des salaires par rapport au salaire minimum. Les salaires dans l'informel sont généralement inférieurs aux salaires mensuels du formel. L'agriculture, indique-t-on, semble servir les salaires les plus faibles, suivie des services marchands. En 2000, le salaire moyen dans l'informel était estimé à 12.250 DA/mois. Bizarrement, l'échelle des salaires informels est inversée selon le niveau d'instruction. Les salaires les plus élevés, remarque M. Musette, sont généralement perçus par des personnes analphabètes ou tout juste alphabétisées.
Informel au féminin
Le phénomène de l'informel est tel qu'il a même touché même les femmes au foyer. Djamila Belhouari-Musette qui a mené une enquête sur ce thème note que l'informel au féminin est " essentiellement lié aux stratégies de survie des familles et sa caractéristique principale est l'exploitation de ces travailleuses par l'employeur (leur salaire atteint rarement au maximum le SNMG), l'absence de protection syndicale et de couverture de la sécurité sociale ". Les activités féminines dans l'informel peuvent, elles aussi, causer des préjudices à l'économie. Certaines pratiques informelles des femmes menacent carrément de détruire le circuit formel à l'exemple du marché de l'or qui devient incontrôlable. L'Agence nationale pour la distribution et la transformation de l'or et des métaux précieux (AGENOR) n'a commercialisé, pour l'an 2001, que 60 kg de la tonne traitée, tandis que la demande est estimée à 15 tonnes par an. La raison ? La majorité des 18.000 bijoutiers algériens et autres utilisateurs s'approvisionnent auprès des femmes de l'informel. Les activités des femmes qui exercent dans l'informel sont plus basées sur le trabendo, les cours privés, le disc jockey ainsi qu'une modernisation d'anciennes activités comme la fabrication de rechta, de dioul et des différentes pâtes. Fait curieux : les premières clientes des travailleuses de l'informel sont les femmes qui exercent dans le circuit formel. La boucle est ainsi bouclée.


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