Les entreprises suisses ne semblent toujours pas “digérer” la règle du 51/49 en matière d'investissements directs étrangers en Algérie. “C'est difficile pour beaucoup d'entreprises”, a indiqué, hier, Mme Marie Gabrielle Ineichen, secrétaire d'Etat suisse à l'Economie, en marge de la visite au centre commercial et de loisirs de Bab-Ezzouar, fruit d'un investissement et d'un savoir-faire suisse à travers notamment le groupe Valartis. La question des investissements a été au centre des discussions que la secrétaire d'Etat à l'Economie a eues avec pas moins de six ministres algériens. Les investissements suisses en Algérie avoisinent les 40 millions d'euros. Les échanges commerciaux en 2010 entre les deux pays sont estimés à environ entre 300 et 400 millions. “Ce n'est pas beaucoup. Les investissements suisses en Algérie, en ce moment, ne sont pas importants”, reconnaît Mme Marie Gabrielle Ineichen. Cependant, les entreprises helvétiques, du moins celles qui l'ont accompagnée durant cette visite, sont intéressées par le marché algérien. Elles se sont déplacées pour mieux comprendre les conditions d'investissement. Après, en Suisse, “ce sont les entreprises qui décident totalement et librement comment et où elles allaient investir”. Et la règle du 51/49 n'est pas incitatrice, elle serait même dissuasive pour les entreprises suisses. “Les propositions d'investissement où les Suisses ne sont pas majoritaires sont difficiles à faire passer”, souligne la secrétaire d'Etat à l'Economie, indiquant avoir discuté avec les autorités “des possibilités et des paramètres”. Peut-être le premier symposium algéro-suisse, organisé par la Chambre de commerce et d'industrie Suisse-Algérie, le 25 novembre prochain à Zurich, en présence du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, Mohamed Benmeradi, pourrait dissiper les craintes des investisseurs helvétiques. Le président de la Chambre de commerce et d'industrie Suisse-Algérie, et président de la société des centres commerciaux d'Algérie, M. Alain Rolland, se dit optimiste. “Le potentiel d'investissement et de développement, dans différents secteurs, existe”, plaide-t-il. Avec une moyenne de 18 000 clients par jour pour la première année d'exploitation, le plus grand centre commercial opérationnel au Maghreb a atteint ses objectifs. En une année, le centre commercial de Bab-Ezzouar a eu un retour sur ses investissements. Le centre, qui comprend plus de 90 magasins de marques de renommée mondiale, entre autres, Lacoste, Nike, Swatch, un supermarché Uno, des restaurants… a accueilli 6 millions de clients. “C'est vrai, il y a certains obstacles, comme celui de la règle du 51/49, mais l'économie algérienne recèle beaucoup d'avantages pour un investisseur”, a-t-il ajouté, indiquant que le symposium permettra de communiquer sur les possibilités d'investissements en Algérie et de mettre en relation des hommes d'affaires algériens et suisses. “Nous avons sélectionné, aujourd'hui, dans le secteur privé 40 propositions de recherche de partenaires”, a annoncé M. Alain Rolland. Accord de libre-échange : “Nous espérons que cela se fera dans la première partie de l'année prochaine.” “C'est un des thèmes le plus important de ma visite en Algérie”, a répondu Mme Marie Gabrielle Ineichen au sujet des négociations sur l'accord de libre-échange entre l'Algérie et l'Association européenne de libre-échange (Aele). “Nous avons convenu de poursuivre les négociations une fois celles entre l'Algérie et l'Union européenne achevées. Nous espérons que cela se fera dans la première partie de l'année prochaine”, a annoncé la secrétaire d'Etat à l'Economie. Les Etats de l'Aele et l'Algérie ont commencé en 2007 des négociations en vue de conclure un accord de libre-échange. Néanmoins, après quatre tours de négociations, depuis 2009, il n'a pas été possible de poursuivre ces négociations, l'Algérie ayant annoncé entreprendre un examen de fond de sa politique commerciale, incluant les accords de libre-échange déjà conclus ainsi que le processus d'adhésion à l'OMC. La Suisse et les autres Etats de l'Aele continuent d'accorder une grande importance au projet d'un accord de libre-échange avec l'Algérie et espèrent pouvoir retourner bientôt à la table des négociations en vue de finaliser celles-ci. Meziane Rabhi