La fermeture des débits de boissons en Algérie ne signifie pas que les pouvoirs publics se préparent à l'après-pétrole, qui passe par le développement du tourisme. Les fermetures administratives, prononcées à l'encontre de certains restaurants et débits de boissons de la wilaya de Béjaïa, n'ont pas laissé indifférents les vendeurs et producteurs de boissons alcoolisées de la région, lesquels ont tenu, hier, une assemblée générale extraordinaire à l'hôtel Club Alloui de Tichy. Ils ont désigné, à l'issue de cette AG, un bureau de 13 membres dont un président. Ces derniers sont chargés d'introduire une demande d'audience au wali de Béjaïa afin de s'enquérir sur ces mesures qui sapent le moral des propriétaires des débits de boisons alcoolisées, des bars et restaurants, des producteurs à l'instar d'Albrau et de Primus alors qu'“ils travaillent dans la légalité, (qu')ils paient leurs impôts et contribuent à l'économie de la région”. En raison de ces fermetures administratives, ils se sont dits “contraints d'agir dans l'ordre et la légalité” pour défendre les intérêts moraux et matériels de leurs adhérents. Un seul point à l'ordre du jour de l'AG : comment faire face à cette situation ? La mobilisation est générale. Tout le monde était présent. La salle de conférences s'est révélée exiguë pour les contenir tous. Ils sont conscients du fait qu'il y a urgence, d'autant que ces mesures ne sont pas propres à Béjaïa. “On assiste au même phénomène dans les wilayas de Béchar, Bordj Bou-Arréridj, Laghouat, à la Madrague dans la capitale”, a regretté M. Benaoudia, le DG de la société Primus. D'ailleurs, on n'exclut pas de travailler dans le sens de mettre en place une organisation nationale qui pourra avoir un poids, à l'instar de certaines activités dans des secteurs bien déterminés. Tel un leitmotiv, tous les intervenants ont déclaré vouloir travailler dans le respect des lois et de la réglementation. Depuis 1994, le wali de Béjaïa avait, dans une note, informé que les activités commerciales relevant de la catégorie des établissements classés (restaurant, bars-restaurants, dépôts de boissons à emporter) ne seraient plus soumises à l'obtention préalable de la licence délivrée par la wilaya. Plus encore, il avait indiqué que ces activités ne devaient plus “être considérées comme un privilège”, mais devaient être traitées au même titre que “toutes les autres activités commerciales ordinaires et obéir aux règles de la commercialité”. Les candidats intéressés devaient adresser leurs demandes aux services du registre du commerce (RC). C'est donc sur la base de cette note que plus de 400 registres du commerce ont été établis. “Certains exercent le métier depuis des décennies, a dénoncé un patron d'un bar-restaurant dans la vallée de la Soummam. Ils ont leur RC, ils paient leurs impôts, les charges patronales, la Casnos, les cotisations sociales, etc. Et du jour au lendemain, on vient leur dire qu'il faut une autorisation qu'aucune direction ne délivre.” Occasion pour un autre de demander aux autorités de déterrer les dossiers bloqués depuis près de 20 années maintenant à la Drag de Béjaïa. Et de poursuivre : “Est-ce que c'est interdit de travailler ? Si c'est le cas, il faut le dire et arrêter avec cette hypocrisie : l'après-pétrole, c'est le tourisme. On ne peut pas faire du tourisme réceptif quand l'alcool est interdit”, a déclaré le gérant d'un hôtel, objet de fermeture administrative. Bien que le fondamentalisme islamiste ne soit pas évoqué, certains n'ont pas manqué néanmoins d'y faire allusion. Ils n'ignorent pas que les anciens prédicateurs de l'ex-Front islamique du salut (FIS), graciés dans le cadre de la réconciliation nationale, se mobilisent pour la fermeture des débits de boissons alcoolisées en Algérie. Cependant, si certains évoquent l'islamisme rampant, d'autres pointent du doigt l'absence de l'Etat, qui devrait avoir pour mission de les protéger d'éventuelles représailles. M. Ouyougoute akavachiw 23-10-2011 21:52