Le président intérimaire tunisien, Foued Mebazaâ, annonce son “retrait définitif de la vie politique” dès la désignation d'un nouveau président par l'Assemblée constituante, dans un entretien paru dans l'édition dominicale du quotidien arabophone Assabah. “Je reconnaîtrai les résultats (des élections) quel que soit le vainqueur et quelle que soit la couleur de la majorité (dans la future Assemblée). Je remettrai le pouvoir à celui qu'aura désigné l'Assemblée constituante comme nouveau président de la République”, a-t-il déclaré. “Les élections peuvent donner lieu à des surprises politiques, puisqu'il s'agit des premières élections pluralistes et démocratiques depuis la révolution” qui a chassé Ben Ali après 23 ans d'un règne sans partage, a-t-il ajouté. “J'ai confiance dans les qualités de modération du peuple tunisien et de ses dirigeants et je suis optimiste pour l'avenir de la Tunisie et le déroulement des élections”, a-t-il encore dit. Il a rendu hommage à la commission électorale (Isie) et à son président, l'ancien opposant Kamel Jendoubi, pour l'organisation d'élections “qui se tiennent pour la première fois sous l'égide d'une commission indépendante et non sous l'autorité du gouvernement et des institutions officielles”. Le 13 octobre, lors de la cérémonie de clôture des travaux de la Haute instance chargée des réformes politiques après la révolution, il avait adressé un message rassurant, à dix jours d'un scrutin crucial. “Nous voulons aujourd'hui rassurer le peuple. Les institutions de l'Etat n'ont connu aucune vacance. Le gouvernement remettra ses pouvoirs entre les mains du prochain gouvernement”, avait-il déclaré. Foued Mebazaâ, 78 ans, était arrivé à la tête de l'Etat après la fuite du président Zine El-Abidine Ben Ali le 14 janvier dernier. Son mandat s'achève officiellement après la désignation d'un nouvel Exécutif. Ancien ministre et président du Parlement depuis 1997, alors une chambre d'enregistrement aux ordres de Ben Ali, ce modéré avait promis en janvier une “rupture totale avec le passé” et a plusieurs fois exhorté ses concitoyens à se “remettre au travail” pour éviter “une explosion sociale”. Investi en février, il s'était porté garant de l'“autorité publique” et a signé en février la loi d'amnistie générale, permettant la libération de centaines de prisonniers politiques de l'ancien régime. R. I./Agences