Une année avant, jour pour jour, 13 autres grandes écoles autonomes, spécialisées dans les métiers techniques, commerciaux et d'enseignement supérieur avaient vu le jour. Donc, on voit bien qu'officiellement, l'université Algérienne se porte bien. Dans l'Algérie officielle, même le paradis, aurait l'apparence d'un boui-boui ! Mais, pourquoi donc toutes ces grèves à chaque fois qu'il est question de reprendre le chemin de l'université ? Il y a tellement de débrayages, que le début se confond avec la fin ! C'est comme dans un film où il n'y a que le générique et rien au milieu. Ou alors, tous nos étudiants sont des enfants gâtés et que rien ne les satisfait, ou les responsables de ce secteur n'ont jamais mis les pieds dans une université algérienne pour voir de plus près ce qui s'y passe. Les deux cas de figure semblent plutôt extrêmes. Mais, à force de décider de la vie estudiantine à coup de décisions réfléchies derrière des bureaux cossus du ministère, la montagne qui sépare les uns et les autres prend des allures de l'Everest, péniblement franchissable. Le petit train et le rail ! Il y a un vrai malaise. L'école a le vertige. Des plus petites classes jusqu'aux grandes écoles, ou plutôt, les écoles des grands, l'étourdissement est perceptible à tous les paliers. Est-ce l'échec inavoué d'un système scolaire et universitaire, ou alors, plus grave encore, l'échec refoulé d'un système sociétal. De l'éducation. Celle qui commence à la maison et qui se propage à l'environnement immédiat. Au contact des frères et sœurs, de la mère, du père, des collatéraux et tout autre repère, au gré du quotidien. Si, tout ce beau monde qui représente la première marque de l'environnement d'un enfant, a failli à son devoir de montrer le bon exemple à suivre, le petit, tel un gentil train, suivra son petit bonhomme de chemin en lieu et place des rails sur lesquels on l'aura mis. La voie de la faillite. On a tendance à croire, faussement, que l'espace terre, appartient exclusivement aux adultes. Eh, bien… non ! Les enfants existent bel et bien, ils sont partout et l'on se doit de faire attention à nos exubérances et mauvais comportements. Ils sont petits, mais loin d'être bêtes ! Si on ne fait pas attention, petits, ils ne le seront plus, certes, mais sots, ils le deviendront ! Ainsi, grandir de cette façon, une grande école ne servirait plus à grand-chose. L'intelligence se nourrit d'abord de l'éducation et cette dernière, de la même manière qu'un muscle, ça se travaille au plus bas âge. LMD, turbo diesel ! C'est connu, toutes les grandes révoltes ont pour lit, le trouble. Et la désorganisation mène inéluctablement à l'anarchie. L'université, réputée être un lieu de savoir, peut très bien se transformer en un immense espace de désordre. Aujourd'hui, la confusion autour de ces pôles est telle que la moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres. À une période où la gronde est multidimensionnelle, la sagesse nous recommande de consacrer à ces lieux de formation et d'apprentissage toute leur mission originelle dans une relative quiétude. Sérénité, bon sens et rigueur, sont des notions à même de calmer les esprits, c'est vrai, mais cela devrait au préalable concerner les faiseurs de lois et pondeurs de textes, parfois, aux antipodes de la réalité du terrain. Tout texte nouveau ne peut trouver un écho favorable, s'il n'est accompagné de “la politique de ses moyens”. On en veut pour exemple le système LMD. Sous d'autres cieux, il a connu un relatif succès, car, non seulement il a été précédé d'un profond et judicieux travail de vulgarisation et de sensibilisation, mais aussi, doté de moyens nécessaires à sa réussite. Aussi, ailleurs, en instaurant le LMD, on a maintenu en parallèle un tas d'autres cycles d'études, longs et courts. Dernier choix pour tous ! Autre raison d'échec de l'université Algérienne, la médiocrité de l'enseignement des langues étrangères, dans les petits paliers. Le bachelier arrive en 1ere année universitaire, avec un niveau très affaibli en langue française, la langue de l'enseignement technique. Comment suivre avec intérêt un cours dispensé dans une langue quasi inconnue ? Et cela est la conséquence directe d'une politisation de l'école algérienne en décidant une arabisation outrancière de toutes les matières. Ils sont même parvenus à arabiser le français ! Des enseignants de la langue de Molière ont en effet, été quelquefois contraints de faire le cours de français, en arabe pout tenter de se faire comprendre. Alors, une fois à l'université, où la dure réalité de la langue d'enseignement scientifique s'impose, c'est la solitude intellectuelle. Le syndrome de la feuille blanche. Toutes matières confondues ! Et, comme un malheur n'arrive jamais seul, pour faire toucher davantage le fond à nos étudiants, on les oriente toujours là où ils ne souhaitent pas. Le dernier choix pour tous ! Qu'est ce que le système informatique peut être sadique ! Ce n'est vraiment pas par hasard que l'université algérienne se retrouve à la traîne dans le classement mondial. Alors, que dire de l'élève, lorsque le maître est mal classé ? [email protected] R. L.