La flambée des prix sur les marchés internationaux est à l'origine de la hausse de la facture des céréales qui a atteint plus de 2,2 milliards de dollars en 2011 contre 1,2 milliard de dollars en 2009. Le coût de la tonne du blé dur a doublé puisqu'elle est passée de 280 dollars en 2009 à 526 dollars en 2011. La deuxième raison à l'origine de cette augmentation reste indubitablement la décision prise par l'Etat de revoir à la hausse de 50 à 60%, voire 70%, les quotas destinés aux transformateurs privés. Une chose est certaine, tient à préciser M. Nordine Kehal, directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) : le volume qui correspond à l'enveloppe de 2,2 milliards de dollars de l'année en cours va couvrir également toute la période du premier semestre 2012. C'est dire que des quantités suffisantes, soit près de 50 millions de quintaux, sont stockées actuellement dans le but de répondre aux besoins du pays. Cependant, certains observateurs estiment que la hausse de la facture est due au fait que les responsables de l'Oaic sont sortis sur le marché mondial au moment où les prix étaient très élevés. Un avis que ne partage pas M. Kehal qui explique : “Ce n'est certainement pas l'avis des organismes internationaux. Pour preuve, nous avons des transformateurs qui attestent qu'ils n'ont jamais été capables d'importer le blé au même prix que celui présenté par l'Office”. Par ailleurs, le DG de l'Oaic affirme que son office compte réaliser à l'horizon 2015 un rendement de 25 quintaux à l'hectare avec l'application des itinéraires techniques connus et la mobilisation des semences et des engrais au moment opportun. Il est en outre important, ajoute-t-il, “de permettre à l'agriculteur d'entrer en possession des facteurs de production pour pouvoir bénéficier de l'accompagnement technique afin de concrétiser un tel objectif qui demeure jouable à très court terme”. Pour le DG de l'office, c'est un rendement qui peut être projeté même entre 2012 et 2013, chose qui a été prouvée par toutes les études effectuées par les institutions nationales et internationales. La surface céréalière de 3,3 millions hectares exploitée pour cela annuellement est, selon Nordine Kehal, qui s'est exprimé hier sur les ondes de la radio Chaîne III, suffisante pour un rendement potentiel de 25 quintaux/ha. “Cette superficie est à même de produire une récolte de 60, voire 80 millions de quintaux, soit l'équivalent des besoins du marché national à hauteur de 80%”, souligne le DG de l'Oaic. Abordant le rendement attendu pour 2011, évalué d'ores et déjà à 2 millions de quintaux, l'invité de la radio argue que ce résultat est la conséquence du “risque de la culture pluviale sous un climat méditerranéen très variable”. Afin de faire face aux aléas climatiques et pour réaliser un meilleur rendement de la céréaliculture, le DG évoque des solutions liées entre autres au développement de l'irrigation d'appoint à prévoir aux mois d'avril et mai, le traitement des mauvaises herbes et la récolte au moment idoine. Le meilleur exemple, affirme-t-il, est le rendement obtenu par 6 wilayas de l'ouest du pays où les céréaliculteurs ont dépassé les 50 quintaux/ha, et ce, en dépit de conditions climatiques défavorables. Cela leur a permis d'intégrer ce que les cadres du secteur de l'agriculture appellent le “Club 50” qui regroupe tous les agriculteurs ayant concrétisé un rendement de 50 quintaux et plus à l'hectare. Ils ont pu arriver à de tels niveaux grâce à leur application des itinéraires techniques recommandés et de leur utilisation des semences réglementaires. Sur un autre registre, l'office a décidé de créer des sections motoculture au sein de toutes les coopératives CCLS qui assureront des prestations de service au profit des céréaliculteurs ne disposant pas de matériel pour accomplir des activités telles que les itinéraires techniques de mise en place de la culture. Dans ce cadre, l'office a acquis au titre de leasing auprès de l'entreprise PMAT, près de 1 000 moissonneuses-batteuses, plus de 400 tracteurs, 1 200 semoirs. À cela, il y a lieu d'ajouter le crédit fournisseur qui permettra au céréaliculteur d'acquérir ces équipements. BADREDDINE KHRIS