Lettres de provinces, voici un intitulé original d'une œuvre profonde, une invitation à la relecture des évènements, un retour aux racines d'une Algérie plurielle, mais surtout “une plongée en apnée” dans un sérail “omnipotent “, pour paraphraser notre confrère Boubekeur Hamidechi, qui n'est autre que l'auteur de cette missive éditée par la maison Arcanes éditions de Constantine. À 68 ans, et après 45 ans de métier de journaliste, Hamidechi estime qu'il est temps de retracer le vécu des Algériens à travers ses observations, ses lectures et analyses. Le “verdict” tombera dans Lettres de provinces”. Au point où chaque Algérien se sent concerné et se retrouve dans les intitulés de 431 pages ! Publiées entre 2004 à 2010, notre confrère exhume un héritage intellectuel et un butin de guerre comme pour inviter les gouverneurs et les gouvernés à un “face-à-face”… avec effet rétroactif. “Les écrits restent”, dit-on. C'est le cas pour ces chroniques aussi errantes que croustillantes, destinées aux résidents de la capitale et ceux de l'intérieur des terres. Destinées à tout dire, sauf à permettre aux médiocres de sévir, au grand dam des bonnes âmes qui hantent notre patrie. Seul relais pour une plume qui n'a jamais failli aux socles de la vieille école, Hamidechi estime que “cette lettre n'est rien d'autre qu'un procédé de presse.” Mais faudra-t-il préciser que chaque procédé de Lettres de provinces” est sincère ! Et pour cause, les éclairages de ses missives découlent de cette vision à transcender, à dénoncer la malvie et à faire la différence. Du syndicalisme, de la politique, de l'histoire, de la lutte antiterroriste, de la réconciliation nationale et de l'amnistie, de la presse, de la littérature, de l'économie, du sport et passons, mais que n'a-t-il pas fait ce diable de Hamidechi pour secouer les consciences et inviter le commun des mortels à la tolérance et à la grandeur de l'âme ?! Il a pratiquement balayé tous les domaines afin de contribuer à l'instauration de cette culture politique qui nous manque : le débat démocratique. Lettres de provinces, au-delà d'une compilation de chroniques assez réfléchies, est une référence indéniable pour la presse en mal de repères, en général, et pour les futurs journalistes à la recherche de l'idéal, en particulier. Rédacteur de presse en 1966, Hamidechi, un chroniqueur racé, s'est vite spécialisé avant de devenir grand reporter, rédacteur en chef adjoint et éditorialiste. Sillonnant plusieurs canards, il laissera de glorieuses empreintes à El Moudjahid, El-Haddaf, l'Agence presse service (APS) et An-Nasr. Il participera également à la création de l'hebdomadaire Les nouvelles de l'Est et d'El-Watan où il restera cinq années durant. Hamidechi sera vite découvert par la jeune génération, notamment via ses publications au quotidien Le Matin et Le Soir d'Algérie. Honoré en 2006 du prix Abdelhamid-Benzine, Hamidechi a reçu en octobre 2011 une distinction de la part du jury du prix Ourtilani décerné par le quotidien El-Khabar. FARID BELGACEM