L'article 87 bis consacre le tassement des salaires. Nous sommes rendus dans la zone industrielle qui reflète l'état des salaires du secteur public industriel. Notre interlocuteur, responsable du syndicat UGTA de la zone, nous a livré maints détails sur la politique salariale dans nos usines. En particulier, l'article 87 bis suscite le mécontentement. L'article 87 bis du code du travail, d'après M. Messaoudi, “il (l'article 87 bis) a mis tout le monde sur le même niveau, qu'il s'agisse d'un travailleur nouveau ou ancien, expérimenté. Un exemple : un chauffeur qui perçoit un salaire de base de 10 000DA/mois, atteindra 15000DA avec les primes, soit le SNMG actuel, avec 10 ou 15 ans d'ancienneté. Le nouveau chauffeur ne percevra pas un salaire inférieur et du coup la notion d'expérience professionnelle sera remise en cause”. La grille des salaires moyens dans le secteur public s'établit comme suit dans l'industrie, principalement SNVI-Rouiba. Salaire de base d'un ingénieur débutant dans le secteur industriel public : 22 000 DA/mois, ce salaire de base est de 28 000 DA, en moyenne pour un ingénieur bénéficiant d'une ancienneté de 10 ans et atteindra environ (salaire de poste moyen) 35 000 DA/mois. Le salaire souffre de nombreuses retenues, IRG (40%) et cotisations sociales. Les retenues globales dépendront des primes de PRI-PRC. Chez SNVI, il existe l'IFF (indemnité de frais de fonction) réservée aux cadres qui peut attendre un maximum de 40% du salaire. Petite simulation de salaire, avec des taux de prime au maximum : PRI (15%), PRC (22%), IEP (72%), un cadre pourrait percevoir 142% de son salaire en primes diverses, calculées au maximum dans le meilleur des cas ! Pour un ingénieur ancien de 10 ans, cela donnerait donc près de 100 000 DA de salaire brut par mois, en cas de bonne conduite. Remarque : chez SNVI ingénieurs et cadres administratifs sont classés dans la même grille salariale. Un ingénieur de 20 ans d'ancienneté peut atteindre un salaire net compris entre 58 000 et 64 000 DA, en moyenne. Un TS dispose d'un salaire de base de 21 000 DA, en moyenne et sa paye mensuelle peut atteindre entre 47 000 et 48 000 DA, avec une ancienneté de 20 ans. Sont classés dans la même catégorie que le TS, les contremaîtres et techniciens anciens, qui perçoivent entre 48 000 et 50 000 DA nets, en moyenne, par mois. Quel serait l'impact de la suppression du fameux 87bis du code du travail, sur les salaires ? D'après M. Messaoudi, “si le 87bis est maintenu, aucune incidence ne sera notée sur les salaires. Si on applique le nouveau SNMG à partir du mois de janvier 2012, il passera de 15 000 DA à 18 000 DA/mois. La quasi-totalité des travailleurs ne bénéficiera pas de cette augmentation. Actuellement le SNMG tient compte de l'ensemble des primes, ce qui fait que rares sont les travailleurs qui perçoivent moins de 18 000 DA/mois. Au contraire, l'augmentation du SNMG va créer un gros problème ! Exemple : si je suis chef d'équipe, que je perçois 18 200 DA/mois, après des années d'ancienneté, le premier ouvrier recruté va percevoir ce salaire, selon la loi, avec une différence de 200 DA en ma faveur ! L'ouvrier exécutant qui percevait 15 000 DA/mois, percevra en janvier un salaire de 18 000 DA ! Avant janvier la différence de salaire entre moi, chef d'équipe et le nouvel ouvrier, était de 3200 DA. Après elle ne sera plus que de 200 DA. Le 87bis favorise le tassement des salaires vers le bas. L'augmentation du Snmg aura un effet négatif sur les salaires qui seront tassés sur une faible fourchette. Ne seront bénéficiaires que les salaires inférieurs à 18 000 DA. Les salaires supérieurs à 18 000 DA ne bénéficieront pas de l'augmentation !” Et si le 87 bis venait à être abrogé ? “Là il y aura un impact financier important, mais en revanche, tous les problèmes seront réglés. Exemple, aujourd'hui, quand un salarié perçoit un revenu de 15 000 DA, les primes sont incluses. Si on supprime le 87 bis, le Snmg devient salaire de base car les primes ne seront pas comptabilisées dans le calcul du Snmg. Du coup les primes deviennent un plus. Au cas où le Snmg passerait à 18 000 DA, tous les salaires seront concernés par l'augmentation et le tassement des salaires par le bas sera supprimé” S'agissant du secteur privé, le SG de l'Union territoriale UGTA/Rouiba affirme que “les salaires y sont catastrophiques au niveau des ouvriers et du petit personnel ; alors que le personnel qualifié, ingénieurs, TS, personnel d'encadrement et de maîtrise, négocie son salaire au cas par cas. Actuellement de nombreux travailleurs ne perçoivent même pas le SNMG et ne sont même pas déclarés. L'inspection du Travail se montre souvent impuissante à remettre les choses en place. Si les ingénieurs et les TS arrivent à négocier leurs salaires au mieux de leurs intérêts, les travailleurs moins qualifiés souffrent beaucoup dans le secteur privé et nous tentons l'impossible pour les syndiquer, malgré tous les problèmes rencontrés chaque jour dans cette activité de missionnaire. Si les patrons apprennent que leurs travailleurs souhaitent créer une section syndicale, ils n'hésitent pas à les mettre à la porte sans autre forme de procès, faisant fi de la loi 90-14, qui est claire à ce propos.” C'est bientôt l'Aïd et de nombreux syndiqués attendent une entrevue avec le SG de l'Union territoriale de Rouiba qui avoue travailler tous les jours, même les vendredis, sans arriver à résoudre tous les problèmes en suspens. Il est vrai que la zone industrielle de Rouiba résume à elle seule les contradictions et l'état des lieux des problèmes vécus de l'industrie nationale depuis des lustres. Mais cela est déjà une autre question. Salaires nets à la SNVI Ouvrier débutant : 22 000DA/mois (AF non comprises) ouvrier 10 ans ancienneté : 27 à 28 000 DA TS débutant : 27 000 DA TS 5 à 10 ans ancienneté : 33 à 34 000 DA Ingénieur débutant : 38 000 DA Ingénieur 5 à 21 ans d'ancienneté : 42 000 DA Cadre débutant : 36 000 DA Cadre 5-10 ans d'ancienneté : 40 000DA Il s'agit de salaires moyens, avec des fluctuations lorsque le cadre est aussi ingénieur ancien bénéficiant de primes liées à sa fonction.