Tout en considérant que la situation reste dramatique en Syrie, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont rappelé les responsabilités du gouvernement syrien dans cette situation. La visite qu'effectue le chef de la diplomatie égyptienne à Alger n'est pas seulement pour sceller la normalisation des relations bilatérales, mais aussi et surtout pour confirmer la naissance de l'axe Alger-Le Caire au sein de la Ligue arabe et, probablement, ailleurs. Le Printemps arabe a beaucoup rapproché les deux pays, notamment en raison du rôle trouble que joue présentement le petit émirat de Qatar dans la sous-traitance au profit des Occidentaux dans l'entretien des tensions dans le monde arabe. L'Egypte, certes convalescente, n'entend pas céder son leadership au sein de la Ligue arabe. C'est, donc, tout à fait logique qu'elle se tourne vers l'Algérie, éternellement hostile aux interventions étrangères dans les affaires internes des pays. Les deux pays ont défendu bec et ongles, au sein du comité de la Ligue arabe chargé du dossier syrien, l'idée selon laquelle l'initiative arabe reste toujours valable et qu'il appartient aux Syriens de résoudre leur crise. Les deux pays s'opposent à toute intervention étrangère en Syrie et estiment que, justement, l'application de l'initiative arabe pourrait prémunir la Syrie d'une intervention étrangère. D'ici la réunion du Conseil des ministres de la Ligue arabe, prévue le 18 novembre au Maroc, les deux chefs de la diplomatie espèrent que le gouvernement syrien “réponde positivement à l'initiative arabe afin que la solution soit syrienne et arabe et non imposée de l'étranger”, dira Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, lors d'une brève rencontre avec la presse, hier, à Djenane El-Mithaq, à Alger. Pour lui, “il faut un retour au calme, un retour aux négociations entre Syriens”. Lui emboîtant le pas, le chef de la diplomatie égyptienne, Mohamed Kamal Amr, dira que “pour nous, l'initiative arabe constitue la solution. Il faut éviter toute intervention étrangère”. Les deux chefs de la diplomatie ont défendu l'initiative arabe et ont estimé que le comité devrait écouter les deux parties syriennes, le gouvernement et l'opposition. Tout en considérant que la situation reste dramatique en Syrie, ils ont rappelé les responsabilités du gouvernement syrien dans cette situation. Quant à la question du retrait des ambassadeurs arabes de la Syrie, Mourad Medelci a été catégorique : “Les ambassadeurs de la Syrie et de l'Algérie continuent à travailler. Il n'est pas question pour nous de rappeler notre ambassadeur en Syrie.” Mais, les deux chefs de la diplomatie n'ont pas réservé le même traitement pour le conflit au Yémen. Selon Mourad Medelci, “le Yémen est un dossier lourd, mais il n'est pas à l'ordre du jour de la Ligue arabe”. Pour ce qui est des relations bilatérales, les deux parties ont passé en revue la coopération entre les deux pays, dans un contexte mondial et régional “très difficile”, selon M. Medelci, qui estime que les potentialités des deux pays leur permettent de s'en sortir rapidement. Son homologue égyptien parle, lui, d'“une nouvelle page dans l'histoire des relations bilatérales. Il existe un cadre de coopération bilatérale. Il s'agit de le réactiver et de ne pas se limiter aux investissements et aux échanges commerciaux, mais aussi aux échanges culturels et aux échanges entre jeunes”. Même si aucune décision concrète n'est attendue lors de cette visite de trois jours, la coopération bilatérale devrait, selon les deux chefs de la diplomatie, se développer davantage à l'avenir. Azzeddine Bensouiah