Photo : Riad Par Karima Mokrani La position de l'Algérie, par rapport aux événements qui secouent actuellement la Syrie, suit celle de la majorité des pays membres de la Ligue arabe. Elle est pour la suspension de la Syrie de toutes les réunions et les instances de l'organisation panarabe et pour les menaces économiques contre ce pays. «Nous avons voté pour la suspension», a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors d'un point de presse organisé hier, à la résidence El Mithak, à Alger, en compagnie de son homologue égyptien, Mohamed Kamel Amr, en visite de trois jours en Algérie. Toutefois, souligne le ministre algérien, l'Algérie n'a adhéré à la position de la Ligue arabe qu'une fois des changements «très importants» ont été apportés à la mouture initiale. Des changements qui portent essentiellement sur le refus de toute ingérence étrangère dans la résolution du conflit syrien. «Si la mouture était adoptée telle qu'elle était initialement, nous nous serions retirés immédiatement… Nous avons travaillé de façon à ce que le document final ne contienne aucune intervention étrangère dans la résolution de ce conflit syrien», affirmera, avec insistance, le représentant de la diplomatie algérienne, soutenant que c'est grâce aux deux parties algérienne et égyptienne que cela a été imposé dans les discussions au sein de la commission. L'Algérie s'oppose toutefois à l'idée de rappeler son ambassadeur en Syrie comme cela a été proposé et décidé par d'autres pays de l'organisation panarabe : «Il n'est pas question pour nous de rappeler notre ambassadeur. Bien au contraire, c'est le moment de renforcer davantage la coopération.» Pour Mourad Medelci, appuyé dans ses dires par son homologue égyptien, il est nécessaire de revenir au calme et aux négociations, au contact direct entre les Syriens eux-mêmes, pour mettre fin à la situation de conflit. Aussi, le gouvernement syrien est interpellé pour jouer un rôle primordial dans l'arrêt de l'effusion du sang dans le pays : «Nous ne disons pas que le gouvernement syrien est responsable de cette situation, mais c'est à lui de prendre les mesures nécessaires pour arrêter les hostilités.» En somme, l'Algérie adhère totalement à la décision de la Ligue arabe de punir sévèrement la Syrie, mais elle est catégorique en ce qui concerne toute intervention étrangère, pas seulement occidentale mais aussi arabe : «Le conflit syrien se réglera entre les Syriens... Uniquement entre les Syriens.» Pour ce qui est des relations algéro-égyptiennes, c'est le dégel après deux ans de froideur née d'une tension aiguë entre les supporters égyptiens et algériens, lors des matches de qualification au Mondial de football 2011. «Notre visite en Algérie vise à ouvrir une nouvelle page dans les relations algéro égyptiennes», dira le ministre égyptien, confiant quant à l'aboutissement des efforts déployés en la matière. «Les relations entre les deux pays ne sont pas basées seulement sur des intérêts commerciaux et économiques, mais vont au-delà… Nous avons une histoire commune et des échanges culturels et autres.» L'heure est donc à la reprise des relations bilatérales et à la redynamisation des projets en suspens. «Nous avons mis en place les bases du renouveau de nos relations. Il ne nous reste qu'à les mettre en œuvre», poursuivra l'hôte de l'Algérie, non sans souligner que ce sont tous les Egyptiens qui se réjouissent de la reprise du contact entre les deux pays : «L'homme de la rue égyptienne est content de la visite de son ministre des Affaires étrangères en Algérie. C'est la grande joie.»Interrogé sur la situation du pays après la chute du président Moubarak, Mohamed Kamel Amr répondra : «L'Egypte est dans une phase de véritable transformation démocratique. L'avenir de l'Egypte est meilleur que le passé.»