Il y avait foule à l'auditorium du Parc des loisirs de Montréal ce samedi 12 novembre pour la conférence animée par le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Il faut dire que l'attente de la communauté nationale est grande devant les incertitudes qui pèsent sur la scène algérienne. “Depuis 1957, le destin algérien est confisqué par le même appareil. Il faut que le DRS comprenne que le mur de Berlin est tombé et qu'on ne peut pas avoir une Corée du Nord en Afrique du Nord en 2011.” Intervenant devant une assistance nombreuse, le Dr Saïd Sadi a remonté l'histoire pour expliquer la genèse de la confiscation du destin national. Pour lui, la carte politique qui a broyé le destin algérien a un nom : la police politique. “C'est depuis l'assassinat de Abane Ramdane que ce service s'est accaparé du pouvoir”, a-t-il déclaré. Le rapport que cette institution a imposé à la société est basé sur la violence, dira l'orateur qui fera remarquer que le DRS, qui dispose de tous les moyens pour façonner l'opinion à sa guise, ne subit aucun contrôle. “En dehors des réserves de changes, le pouvoir n'a ni vision ni projet”, estime le député d'Alger. L'épouvantail islamiste brandi par le pouvoir pour contrer la perspective d'un changement démocratique est battu en brèche par le conférencier. “La manipulation de l'islamisme devant l'opinion nationale et internationale relève d'une escroquerie politique”, dénoncera le président du RCD, ajoutant que “le maître d'œuvre de l'islamisme algérien est la police politique”. Il citera au passage les concessions faites à l'intégrisme depuis l'Indépendance à ce jour. “Le code de la famille qui est le plus rétrograde dans notre région est, ne l'oublions pas, le fait du système et non d'un quelconque parti islamiste”, rappellera Sadi. L'annonce faite par le chef de l'Etat pour lancer des réformes politiques profondes est considérée par le leader de l'opposition démocratique comme “une supercherie”. Saïd Sadi cite l'exemple de la loi de finances 2012 pour lire les intentions du régime. “C'est une déclaration de guerre. On a réduit de 29% les budgets alloués à l'investissement au moment où les dépenses de la défense, de la police et des moudjahidine ont explosé”, notera Sadi qui considère les réformes politiques de Bouteflika comme une Arlésienne. “Qu'en est-il de la refonte de la Constitution annoncée à grand renfort de publicité ?” s'interrogera le conférencier pour qui la démocratisation du Sud va dans le sens de l'histoire. Mais, un préalable s'impose, selon lui. “Il faut que la volonté populaire impose enfin un pouvoir politique qui dispose des services de renseignements et non le contraire”, observera-t-il, faute de quoi, c'est “la fragmentation de la nation qui nous attend”. Le président du RCD conditionne la participation de son parti aux prochaines élections par une surveillance internationale “massive et qualifiée”. “Si on veut une véritable sortie du cycle violence, fraude, corruption, il y a une manière de faire : c'est la surveillance internationale des élections qui est une question éminemment stratégique. Cette condition est couplée à l'établissement d'un cahier des charges qui s'imposera à tout compétiteur”, martèlera-t-il sous une salve d'applaudissements. Le débat qui s'en est suivi a permis d'aborder diverses questions telles que les conditions concrètes permettant de parvenir à la dissolution de la police politique, les schémas administratifs les plus adaptés à la réalité algérienne, le rôle de la communauté internationale dans les évènements en cours dans la région et les manœuvres qui guettent la Kabylie au moment où la nation attend des évolutions politiques décisives. YAHIA ARKAT