La mesure portant augmentation des pensions des retraités annoncée lors de la Tripartite n'a toujours pas été confirmée. Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et Abdelmadjid Sidi-Saïd, SG de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) avaient promis à l'issue de la Tripartite des 29 et 30 septembre dernier, “cette mesure allait être prise 10 jours après”. Plus d'un mois après ce rendez-vous, les retraités ne voient rien venir. Rien n'a filtré pour l'instant. Si le principe d'augmenter les pensions de retraite les plus faibles semble définitivement acquis, le niveau de cette augmentation reste à définir en fonction de la disponibilité financière. Intervenant jeudi dernier lors de la séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a assuré, une nouvelle fois, que le dossier suit son cours, affirmant que le gouvernement est en train d'examiner un nouveau mode de financement. Les assurances du ministre ne semblent pas suffire pour redonner le sourire aux centaines de milliers de retraités qui pataugent dans la précarité. Eux qui se disent fatigués des sempiternelles promesses sans lendemain et qui veulent, pour une fois, du concret, à savoir une augmentation conséquente de leurs pensions. “Nous avons demandé une augmentation de 40%, approuvée par le SG de l'UGTA à compter du premier janvier 2010. Une augmentation dégressive. C'est-à-dire 40% jusqu'à 20 000 DA ensuite ça sera 35% etc. de manière à ce qu'en définitive tous les retraités auront un gain entre 5 500 et 6 500 DA par mois. Malheureusement nous attendons”, nous explique Ahmed Gadiri, membre du secrétariat fédéral de la FNTR. Pourtant, précise-t-il, lors de la réunion du ministre du Travail, Tayeb Louh, avec les membres des trois commissions qui avaient été désignées à la Tripartite, il avait fait un discours dans lequel il a souligné que les retraités auront une augmentation en novembre qui sera décidée par le conseil des ministres sur le budget de l'Etat. D'ailleurs avant la Tripartite le Premier ministre Ouyahia et le ministre du Travail Louh dans deux déclarations ont reconnu la situation déplorable des retraités et qu'il fallait examiner la situation, donc il y a eu un espoir. M. Gadiri a ajouté qu'“au moment où on ne fait rien pour les retraités, on apprend que le président de l'assemblée a tel salaire, que le ministre a tel salaire, que le Premier ministre a tel salaire, que le président de la République a tel salaire. C'est normal que le retraité soit en colère. Nous (FNTR), nous sommes assaillis ici et dans tous nos bureaux des wilayates tous les jours par des retraités qui demandent où nous en sommes. On essaye de les calmer en leur disant que le gouvernement à promis qu'il va y avoir une augmentation en novembre. Mais au jour d'aujourd'hui il y a rien de concret”. “Le mieux qu'on a à faire c'est qu'un jour nous allons sortir dans la rue nous coucher sur les routes et on va dire : tuez-nous, comme cela vous serez débarrassés du problème des retraités”, précise-t-il. Concernant les suites à donner à cette situation, il a indiqué que “nous avions prévu de réunir la commission exécutive ces jours (le 23 novembre) ensuite nous avons réfléchi et on a pensé qu'il fallait attendre la décision qui sera prise. Si l'annonce nous satisfait, nous allons expliquer à tous les retraités les résultats, si on n'est pas satisfaits, la commission examinera la situation et définira les actions qu'il faudra entreprendre”. L'argent est disponible M. Gadiri explique que “quand ils ont payé trois années de rappel aux fonctionnaires et aux médecins, ce n'était pas prévu dans le budget de l'Etat. D'où ont-ils eu l'argent ? C'est les réserves du Trésor. Nous les retraités on a aussi droit à ces réserves. Pourquoi les retraités sont-ils mis à l'écart ?”. Cependant, pour la FNTR, la Caisse des retraites n'a jamais été menacée de déficit et elle ne l'est pas. Les augmentations salariales attribuées avec un effet rétroactif depuis 2008 sont venues la renflouer grâce au surplus de cotisations salariales. Pour Smaïl Boukris, membre du secrétariat fédéral, “ces 40% ce n'est pas l'Etat qui va nous les donner mais c'est sur notre propre budget. Avec les augmentations qui ont été opérés sur les salaires des fonctionnaires, la CNR a récolté plus de 100 milliards par an. Nous on a besoin de 107 milliards. La CNR peut supporter ces augmentations compte tenu des rappels sur trois années qui ont produit des cotisations conséquentes”. Par ailleurs, selon M. Gadiri, “il y a eu en 1997 une ordonnance qui prévoyait le départ à la retraite non pas à 60 ans mais en fonction de l'âge selon que le salarié a cotisé pendant 32 ans. Mais on n'a pas prévu les ressources mettant ainsi la caisse de retraite en difficulté. C'est pour cela que parmi nos revendications figure le remboursement de toutes les retraites qui ont été versées, cela tourne autour de 500 milliards. Si la caisse n'avait pas payé ces gens-là, elle aurait pris en charge convenablement les retraités”. Les revendications de la FNTR Côté revendications, il n'y a pas que les 40% d'augmentation. Selon notre interlocuteur, beaucoup de choses ont été faites sur les lois régissant la retraite. L'article 43 originel par exemple disait que le salaire d'activité ne doit pas s'éloigner de la pension des retraités. Chaque fois que le point indiciaire augmentait, les pensions devaient être actualisées. Cet article 43, on y a touché et c'est le législateur qui y a touché jusqu'à le vider de sa substance comme on a touché au principe du SNMG parce que le minimum de retraite c'est le 100% du SNMG. C'est pour cela que la FNTR a ajouté plusieurs points dans le dossier remis à la Tripartite, à savoir : l'abrogation de l'article 04 de loi 93-03 qui modifie l'article 16 de loi 83-12 et le retour au droit acquis figurant dans l'authentique article 16 qui fixe la pension minimum à 100% du SNMG au lieu de 75%. Le SNMG étant le minimum vital, alors pourquoi le diminuer spécialement pour cette frange de la société ? L'actualisation devrait se faire par un système de compensation des anciennes pensions de retraites attribuées avant 1996, l'abrogation pure et simple de l'article 03 de la loi 99-03 qui modifie l'article 15 de la loi 83-12 et retour au droit acquis figurant dans l'authentique article 15 fixant la majoration pour conjoint à charge à 600 fois le montant horaire du SNMG, l'abrogation lit-on de l'article 09 de la loi 99-03 qui modifie l'article 43 de la loi 83-12 et le retour au droit acquis figurant dans l'article 19 de l'ordonnance 96-18 elle-même venue modifier la loi citée plus haut, le relèvement du minimum des petites allocations à 5000 DA, la révision du seuil d'exonération de l'IRG pour les pensions de retraite. Le remboursement par le Trésor de quelque 500 milliards de dinars, dépensés sans compensation par l'Etat, la CNR au profit des retraités sortis avant l'âge légal à la retraite pour compression d'effectifs. S. S.