Le réalisateur et grand humaniste ne recule pas devant l'obstacle. Il peint le portrait de six chefs d'Etat latino-américains qui représentent une nouvelle manière de penser. Oliver Stone a présenté, avant-hier soir à la Cinémathèque algérienne, son documentaire South of the border(au sud de la frontière), en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, du président d'honneur du Festival international d'Alger du cinéma engagé, Ahmed Bedjaoui, et d'un grand nombre de cinéastes et de personnalités algériennes. Un “diplôme”, les clefs des parcs nationaux de l'Ahaggar et du Tassili, et un burnous, ont été offerts à la star hollywoodienne qui a exprimé son émerveillement suite à la découverte d'Alger. Revenant sur le documentaire aux multiples lectures, qui revient sur les relations complexes entre les Etats Unis d'Amérique et l'Amérique Latine, Oliver Stone a souligné que “l'Amérique considère ces pays comme des mini-colonies”. Dans, South of the border, Oliver Stone n'hésite pas à mettre le doigt sur la plaie et appuyer dessus pour rendre compte du rôle des médias, qui diabolisent des individus et des gouvernements, par le pouvoir de l'image. Il s'intéresse également, avec une liberté de ton exceptionnelle, à l'emprise qu'exercent des institutions financières comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international. South of the border est construit sur des interviews des chefs d'Etat d'Amérique Latine. En plus de Hugo Chavez, président de la République bolivarienne du Venezuela à qui il consacre la première (et grande) partie de son docu, Oliver Stone a rencontré six autres présidents latino-américains, notamment Evo Morales (Bolivie), Cristina Kirchner (Argentine), Fernando Lugo (Paraguay), Lula Da Silva (Brésil), Rafael Correa (Equateur), et Raul Castro (Cuba). Un militaire, un ancien évêque, une femme, et un ouvrier constituent dans le documentaire de soixante-quinze minutes, le renouveau de l'Amérique Latine. Ils tiennent tête aux Etats Unis d'Amérique. Même si les médias étasuniens les diabolisent, et s'acharnent sur eux, comme c'est le cas avec Hugo Chavez, traités de “dictateurs” et “d'antidémocrates”, ils ne cèdent pas à la provocation, et restent unis. Oliver Stone nous propose au début de son film, une sélection des différents commentaires des médias concernant le président vénézuélien. Avec des témoignages, des coupures de journaux, et des images extraites d'émissions et de journaux télévisés à l'appui, il présente l'uniformisation du discours des médias, et un traitement arbitraire de la réalité. Les médias obscurcissent davantage le portrait de Hugo Chavez en expliquant que “sa chute est dans l'intérêt du capitalisme mondial”. Ce discours propagandiste ne pouvait satisfaire le réalisateur aux deux oscars. Oliver Stone a sillonné sept pays d'Amérique Latine, et c'est avec les sept chefs d'Etat, représentatifs du changement qui a commencé à s'opérer à l'aube des années 2000. Il va même jusqu'à mâcher des feuilles de coca, comme pour nous signifier l'insignifiance des accusations portées à l'égard de ces pays et de leurs chefs. Des chefs unis qui ont valorisé leurs populations, et qui espèrent s'affranchir des frontières. Sara Kharfi