Dans le cadre de la manifestation Tlemcen capitale de la culture islamique 2011, le ministère de la Culture -avec le concours d'un comité de coordination local- organise à compter d'aujourd'hui, et jusqu'au 30 novembre prochain, au Palais de la culture d'Imama (Tlemcen), un colloque portant sur le parcours du mystique, cheikh El-Hadj Mohamed Ben Yelles, de la tariqa Darqawiyya. “Cet évènement coïncide avec la commémoration du premier centenaire de l'exil volontaire du grand maître soufi, résistant d'avant-garde, Sidi El-Hadj Mohamed Ben Yelles”, nous indique Zaïm Khenchelaoui, docteur d'Etat en anthropologie des religions, chercheur et membre du Comité d'organisation du colloque. Des universitaires et chercheurs algériens et étrangers (Syrie, Maroc, Belgique, France, Grande Bretagne), prendront part à cette rencontre scientifique, qui tend à faire connaître l'apport de la figure charismatique du soufisme algérien, Cheikh El- Hadj Mohamed Ben Yelles (1847-1927). Ce “Moutasawef” a marqué les populations de sa ville d'origine, Tlemcen, mais sa notoriété et sa pensée se sont étendues à d'autres continents, à d'autres foyers du soufisme dans le monde. Lors de ce colloque, il sera question des différents aspects de la personnalité de cette figure importante de la mystique musulmane, du début du XXe siècle. Né à Tlemcen, El-Hadj Mohamed Ben Yelles, s'initia à la voie des Derqawa, dérivée de la tariqa Chadhiliyya. Pour son initiation, il a suivi l'enseignement de ses maîtres, d'abord cheikh Mohamed El-Hebri, ensuite cheikh Mohamed Ben Habib El- Bouzidi. “Cheikh Mohamed Ben Yelles, en devint le délégué plénipotentiaire à Tlemcen, en 1908 où il fonda sa zaouïa dite de la miséricorde divine, qui fut un foyer non seulement de spiritualité, mais aussi de protonationalisme dans laquelle se forgea l'esprit des premiers théoriciens du patriotisme algérien, tels que Messali El-Hadj ainsi que de nombreux militants du PPA et du MTLD”, nous signale notre interlocuteur. La facette révolutionnaire du Cheikh –qui s'était distinguée par une fatwa historique en 1911, en réaction à l'instauration par la France de la conscription des jeunes algériens- sera abordée lors de ce colloque, qui prendra fin au niveau du mausolée de Sidi Abu Madian. Après avoir exhorté la population tlemcènienne à la résistance, Cheikh Mohamed Ben Yelles quitta sa ville pour Damas. Il y fonda également sa zaouïa dans le quartier d'Al-Chaghour. Par ailleurs, Cheikh El- Hadj Mohamed Ben Yelles est “plus connu à l'étranger que dans son propre pays”, soutient M. Khenchelaoui. Sa pensée rayonne à l'étranger. Son impact a été à la fois “extraordinaire” et décisif, marquant ainsi, beaucoup de générations de syriens et de moyens-orientaux, qui se sont inspirés de son enseignement ésotérique et de sa verve nationaliste. R. C.