Un colloque international sur le parcours mystique et patriotique du soufi El-Hadj Mohamed Ben Yelles se tiendra du 26 au 30 novembre à Tlemcen. Le colloque se veut un hommage à El-Hadj Mohamed Ben Yelles (1847-1927), un personnage qui «a marqué à jamais, par son charisme et son œuvre, la population de Tlemcen et dont la notoriété a dépassé les frontières de l'Algérie pour s'imposer en Occident et Orient», a indiqué à l'APS le chercheur anthropologue spécialiste du soufisme, Zaïm Khenchelaoui, coordinateur scientifique du colloque. El-Hadj Mohamed Ben Yelles, est une des plus grandes figures du soufisme algérien du début du XXe siècle et un «moudjahid» avant la lettre, qui s'était initié à la voie des «Derqawa» auprès de son maître cheikh Mohamed El-Hebri, a rappelé le chercheur. Après avoir complété son initiation auprès du cheikh Mohamed Ben Habib El-Bouzidi, dont il devint le représentant à Tlemcen en 1908, il fonde dans cette ville sa zaouïa qui deviendra un foyer de spiritualité, mais aussi de protonationalisme pour les premiers théoriciens du patriotisme algérien, à l'instar de Messali Hadj et d'autres militants du PPA et du MTLD, a dit Zaïm Khenchelaoui. Selon le chercheur, cheikh Ben Yelles s'est distingué par sa fatwa historique de 1911, en réaction à l'instauration par la France de la conscription des jeunes Algériens, en incitant la population algérienne à la rébellion. Il quitte Tlemcen le 14 septembre 1911 accompagné de ses proches et disciples en direction de Damas (Syrie). A propos de l'impact du cheikh Ben Yelles au Moyen-Orient, Zaïm Khenchelaoui a indiqué que suite à l'occupation de la Syrie par la France, le cheikh soufi a pris la tête de la contestation, en encourageant les Syriens à se soulever contre le mandat français, avant de se faire arrêter et emprisonner par l'occupant. Le «soufi-combattant» meurt le 26 décembre 1927. Il est enterré au cimetière de Bab al-Saghir à Damas, à proximité du mausolée de Bilal l'Abyssin, un esclave affranchi par le Prophète de l'Islam, dont il deviendra le muezzin attitré.