Du 26 au 30 novembre prochain, la ville de Tlemcen abritera un colloque international sur le parcours mystique et patriotique du soufi El Hadj Mohamed Ben Yelles. Académiciens et universitaires de Syrie, du Maroc, de Belgique, de France et de Grande-Bretagne prendront part, aux côtés de leurs homologues algériens, à cette rencontre scientifique qui s'inscrit dans le cadre de la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011". Le colloque se veut un hommage à El Hadj Mohamed Ben Yelles (1847-1927), un personnage qui "a marqué à jamais, par son charisme et son œuvre, la population de Tlemcen" et dont la notoriété a dépassé les frontières de l'Algérie pour s'imposer en Occident et l'Orient ", a indiqué le chercheur-anthropologue spécialiste du soufisme, Zaïm Khenchelaoui, coordinateur scientifique du colloque. El Hadj Mohamed Ben Yelles, est une des plus grandes figures du soufisme algérien du début du vingtième siècle et un "moudjahid" avant la lettre qui s'était initié à la voie des "Derqawa" auprès de son maître cheikh Mohamed El Hebri, a rappelé le chercheur. Après avoir complété son initiation auprès du cheikh Mohamed Ben Habib El Bouzidi, dont il devint le représentant à Tlemcen en 1908, il fonde dans cette ville sa zaouïa qui deviendra un foyer de spiritualité mais aussi de protonationalisme pour les premiers théoriciens du patriotisme algérien, à l'instar de Messali El Hadj et d'autres militants du PPA et du MTLD, a dit M. Khenchelaoui. Selon le chercheur, cheikh Ben Yelles s'est distingué par sa fatwa historique de 1911, en réaction à l'instauration par la France de la conscription des jeunes algériens, en incitant la population algérienne à la rébellion. Il quitte Tlemcen le 14 septembre 1911 accompagné de ses proches et disciples en direction de Damas (Syrie) via Tanger, Marseille et Beyrouth où il s'installe dans un premier temps dans la mosquée "Izz al-Dîn", avant de se faire héberger par cheikh Mahmoud Abou Chamat, a-t-il rappelé. A propos de l'impact du cheikh Ben Yelles au Moyen-Orient, M. Khenchelaoui a indiqué que suite à l'occupation de la Syrie par la France, le cheikh soufi a pris la tête de la contestation, en encourageant les Syriens à se soulever contre le mandat français, avant de se faire arrêter et emprisonner par l'occupant. Le "soufi-combattant" meurt le 26 décembre 1927. Il est enterré au cimetière de Bab al-Saghir à Damas, à proximité du mausolée de Bilal l'Abyssin, un esclave affranchi par le prophète de l'islam, dont il deviendra le muezzin attitré. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'histoire de cette homme semble intimement lié à celle de toute une région orientale.