Le personnel algérien de l'entreprise japonaise Cojaal activant au niveau du tunnel T4, dans ses deux parties nord et sud (Aïn Bouziane, wilaya de Skikda et Zighoud Youcef, wilaya de Constantine), est entré en grève illimitée depuis hier, suite à l'échec des négociations avec l'administration au sujet de l'amélioration des conditions socioprofessionnelles. En moins d'un mois, c'est le troisième mouvement de débrayage qui secoue cette partie de l'autoroute, après la journée de protestation du 31 octobre et de la grève de deux jours des ouvriers indonésiens survenue les 19 et 20 novembre derniers. Ainsi, les syndicalistes entendent dénoncer les difficiles négociations engagées depuis un mois avec la direction, en vue de conclure une nouvelle convention collective de travail. D'après un ingénieur syndicaliste travaillant à Cojaal, les responsables japonais refusent toujours de prendre en compte les exigences des travailleurs : “Conformément à la réglementation et aux ordres du procureur du tribunal de Zighoud-Youcef qui nous a sommés d'organiser trois réunions avec l'administration pour pouvoir organiser une grève ouverte, depuis le 31 octobre nous avons tenu ces trois réunions qui se sont soldées par un échec. Il n'y avait aucune volonté de la part des Japonais. Pis encore, ils ont même essayé de casser le mouvement. Nous avons fait le nécessaire en adressant des préavis aux daïras d'El Harrouch et Zighoud-Youcef, à la Gendarmerie nationale et à Cojaal pour officialiser notre grève.” Outre les revendications socioprofessionnelles, l'augmentation de salaire et des primes de risque, de nuisance, les travailleurs envisagent aussi d'opérer un retrait de confiance au président de leur syndicat qui, selon eux, est complice avec l'administration. Même si les ouvriers indonésiens, qualifiés de force ouvrière du tunnel, ont repris leur travail depuis une semaine après que la direction leur ait octroyé une augmentation de 12% sur les salaires alors qu'ils en demandaient 50%, l'action de grève déclenchée hier par les travailleurs algériens va paralyser tout le chantier comme nous l'explique ce syndicaliste. “Le personnel algérien est composé d'ingénieurs, d'inspecteurs, de chauffeurs et d'interprètes. C'est nous qui accompagnons les Indonésiens dans leurs travaux, nous nous occupons du suivi et seuls nos chauffeurs sont aptes à conduire les camions et les engins”. Des agents de l'Inspection de travail sont attendus aujourd'hui pour relancer les négociations entre les deux parties. Toutefois, rien n'indique que la direction de Cojaal, qui bute déjà sur des problèmes financiers, acceptera de répondre favorablement aux doléances des travailleurs algériens. Si elle venait à durer longtemps, cette grève risquerait d'entraver considérablement l'état d'avancement des travaux dans ce tunnel. Considéré comme l'ouvrage d'art le plus difficile à réaliser de l'autoroute Est à cause de la nature des sols, chaque jour les ouvriers arrivent à creuser seulement 30 mètres même s'ils leurs restent 150 mètres au tube gauche et 300 au tube droit. L'ingénieur nous a révélé à ce sujet qu'il est impossible que le tunnel long de 2,6 km soit livré en mars prochain : “Les délais sont courts et les problèmes techniques rencontrés sont nombreux”, précise-t-il. DRISS B.