Même si elle n'apporte pas de soutien direct au régime de Bachar Al-Assad, la Russie a montré, hier, qu'elle n'allait pas se laisser faire sur le dossier syrien, en appelant les pays arabes et occidentaux à cesser de poser des “ultimatums” à Damas et “d'œuvrer à ramener la situation sur le terrain politique.” Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a donné un aperçu sur le rôle que compte jouer son pays dans le règlement de la crise syrienne, après avoir été pratiquement absent dans celle de la Libye. En effet, le chef de la diplomatie russe a appelé, hier, à mettre fin aux “ultimatums” lancés à la Syrie, suite à l'approbation de sanctions par la Ligue arabe contre Damas et les appels des Etats-Unis et de l'UE à mettre fin immédiatement aux violences. Citant l'exemple du Yémen, qui a été résolu de manière pacifique, Lavrov déclarera à l'agence Interfax que “le plus important maintenant, c'est de cesser d'agir avec des ultimatums et d'œuvrer pour ramener la situation sur le terrain politique.” Il soulignera que “tous les Etats, y compris ceux qui exigent maintenant de prendre des mesures contre la Syrie, ont eu une attitude très différente à l'égard du Yémen, où les négociations sur un plan de règlement pacifique proposé par le Conseil de coopération des Etats du Golfe persique ont duré des mois.” Dans le même ordre d'idées, il ajoutera : “Au final, après avoir fait preuve de patience et de persévérance, en exerçant une pression identique sur tous les partenaires du processus, la communauté internationale a obtenu que ce plan soit signé.” Lavrov estimera alors qu' “une telle approche est nécessaire pour le problème syrien, car les ultimatums auxquels ont recours quelques Etats, en particulier la Ligue arabe, ne résolvent pas ce problème.” Après l'expérience des bombardements de l'Otan en Libye, le ministre russe a indiqué qu'il était peu probable que Moscou soutienne l'imposition d'un embargo sur les livraisons d'armes à la Syrie. À ce sujet, il a affirmé : “Je qualifierais de malhonnêtes les propositions que nous entendons parfois sur l'imposition d'un embargo total sur les livraisons d'armes à la Syrie.” Alliée de la Syrie depuis la période soviétique, la Russie est son principal fournisseur d'armes et s'oppose à toute sanction ou pression à l'égard du régime de Damas. Par ailleurs, le chef de la diplomatie turque a révélé hier que la Turquie pourrait décider, en coordination avec la communauté internationale, d'imposer une zone tampon à sa frontière avec la Syrie si elle était confrontée à un afflux massif de réfugiés fuyant le conflit dans ce pays. “Nous travaillons sur tous les scénarios (...) Si des milliers de gens fuyaient vers notre frontière, cela créerait une situation différente. Des mesures pourraient être prises avec la communauté internationale”, a déclaré Ahmet Davutoglu sur la chaîne privée 24, en réponse à l'éventualité d'une zone tampon. Il a de nouveau souligné que la Turquie s'opposait à l'option militaire contre la Syrie tout en ajoutant que l'administration syrienne ne peut survivre tant qu'elle ne fait pas la paix avec son peuple. Pour rappel, la Turquie, ancienne alliée régionale et politique de la Syrie, a adopté une position de fermeté contre son voisin et a appelé au départ du président syrien. La Turquie accueille déjà dans sa province de Hatay, frontalière avec la Syrie, avec laquelle elle partage une longue frontière, environ 7 500 Syriens qui ont fui le conflit dans leur pays. Merzak Tigrine