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Abdelmadjid ATTAR, ancien P-DG de Sonatrach et Consultant International, à Liberté
“L'Algérie a consommé la moitié de ses réserves de gaz”
Publié dans Liberté le 30 - 11 - 2011

Dans cet entretien, l'ancien patron de la compagnie pétrolière nationale aborde l'état des réserves d'hydrocarbures du pays. Il préconise une plus grande rationalisation de la consommation domestique de produits énergétiques.
Liberté : 1- Quelles sont les réserves de pétrole (huiles) prouvées? probables? possibles?
Selon les plus optimistes des prévisions, et les donnés actuelles, dans une vingtaine d'années, l'Algérie commencera à manquer de pétrole, avec une augmentation constante de la consommation domestique industrielle et automobile : que restera-t-il à exporter en quantité (volume)?
A. Attar : Il faut tout de suite préciser qu'aujourd'hui et très probablement dans le futur, l'Algérie sera plus un pays gazier que pétrolier, dans la mesure où la part de ses réserves et de sa production en gaz naturel pèsera de plus en plus dans sa balance énergétique du fait que la production gazière est accompagnée d'une importante production de condensat. Et cela même si l'Algérie a déjà produit 50% de ses 5 000 milliards de M3 de réserves prouvées récupérables découvertes à ce jour. Les réserves initiales prouvées découvertes à ce jour en pétrole brut, c'est-à-dire pouvant certainement être produites, sont d'environ 3 400 millions de tonnes dont 2 000 millions ont déjà été produites. Il n'en reste à produire que 1 400 millions de tonnes mais il faut leur ajouter aussi les réserves prouvées de condensat dont il reste à produire environ 250 millions de tonnes, soit un total prouvé restant de 1 650 millions de tonnes d'hydrocarbures liquides, non compris le GPL. C'est généralement sur cette base qu'on établit de façon raisonnable les prévisions d'exportation et le modèle énergétique (en y incluant le GPL et le gaz naturel) du pays. Cela nous donne effectivement 20 à 25 années de production pour l'exportation et la consommation interne au même rythme actuel. Il faut cependant préciser que l'Algérie renferme aussi d'autres réserves dites probables ou possibles aussi bien en brut qu'en condensat. Il s'agit de volumes existant (probables) ou pouvant exister (possibles) dans des gisements en cours de production ou non développés, mais pouvant l'être avec un simple programme de délinéation ou des investissements supplémentaires en matière de techniques de production. Ces réserves sont estimées à environ 250 millions de tonnes récupérables et pouvant être produites à l'avenir. Si on totalise toutes ces réserves, soit environ 1 900 millions de tonnes qui restent à produire, et sur la base d'un profil de production que je ne connais pas avec précision mais qui devrait en principe tenir compte non seulement des besoins du marché national mais aussi et surtout des capacités de production de chaque gisement qui déclineront progressivement, on peut estimer que l'Algérie ne pourra presque plus rien exporter dans 25 à 30 ans, à moins que la Sonatrach ne nous surprenne avec de nouvelles découvertes susceptibles de reporter cette échéance. Les problèmes futurs seront cependant ceux de la rente financière, c'est-à-dire la nécessité de mise en place d'un certain équilibre entre notre consommation croissante, le besoin des ressources financières de l'exportation, et les besoins des générations futures. Si notre consommation continue à croître comme elle le fait il y a peu de chances que nos exportations puissent aller au delà de 20 ans et dans tous les cas de figure elles diminueront d'ici une dizaine d'années. Alors, espérons qu'il n'y aura pas de problèmes d'approvisionnement du marché intérieur en matière de ressources énergétiques de façon générale du fait que nous vivons actuellement une phase de transition énergétique vers de nouvelles formes d'énergie, qui viendront compenser le déficit de production pétrolière et gazière.
2 - Comment se comporte l'exploration, prospection? Est-on optimiste, quant à la possibilité de découvrir de gisements importants ?
Oui il y a certainement encore d'autres découvertes à faire comme le prouvent les deux récents résultats positifs annoncés par la Sonatrach dans la région de Béchar et le Sud-Est constantinois et qui sont vraiment surprenants. Il y a même des sociétés étrangères qui sont passées par la et n'avaient rien trouvé, alors bravo à Sonatrach. Oui aussi pour dire que le domaine minier algérien est sous-exploré. Mais il ne faut pas se faire d'illusions, car ce degré de connaissance et d'exploration dont les premiers travaux ont démarré il y a plus de 60 ans a tout simplement évolué en s'intensifiant au fur et à mesure en fonction du potentiel de chaque région, c'est-à-dire de la possibilité de trouver ou non des hydrocarbures et de la taille des découvertes. Cela veut dire que si rien ou peu a été découvert dans tel ou tel bassin sédimentaire, c'est qu'il n'y a rien, ou peu ou alors très complexe à découvrir. Il ne faut donc pas s'attendre à un Hassi Messaoud mais plutôt des découvertes de taille modeste de façon générale, qui seront faites grâce à de nouveaux concepts et technologies. Cela ne signifie pas que je suis un “pétropessimiste” mais seulement réaliste. Il y a encore des hydrocarbures à découvrir et surtout à récupérer en plus à partir des gisements existant, à condition simplement qu'on s'adapte à l'évolution des connaissances et des techniques. Le principal défi pour l'exploration est à ce niveau humain en ce qui concerne le niveau d'expertise, et technologique pour ce qui est des outils. Il est aussi “partenarial” parce qu'il faut certes faire confiance aux ingénieurs algériens, mais se rendre compte que jusqu'à aujourd'hui nous utilisons du savoir et des technologies essentiellement importés. J'ai lu dans un rapport récent “que le savoir d'un ingénieur est dépassé au bout de trois ans, celui d'un informaticien au bout de deux ans, et qu'une génération technologique a une vie de six mois. Quand on sait que le savoir humain double tous les sept ans, et, qu'en 2040, il doublera tous les 72 jours, l'enjeu pour l'entreprise n'est plus alors d'avoir la meilleure main-d'œuvre, mais la plus aiguisée des “cerveaux- d'œuvre”. Il parait que l'Institut algérien du pétrole va s'atteler à former ces cerveaux, alors patientons. En attendant le partenariat dans le secteur pétrolier et plus particulièrement en matière de recherche et d'exploitation est plus que souhaitable à tous points de vue, il suffit d'en adapter l'environnement réglementaire et économique au fur et à mesure des enjeux, du risque, et des engagements de chacun.
3 - l'Algérie s'intéresse-t-elle à l'amélioration de l'exploitation des anciens puits, afin d'en extraire ce qui y reste, en mettant en œuvre de nouvelles techniques, récemment mises en services?
La Sonatrach l'a toujours fait mais devrait intensifier encore plus ses efforts dans ce domaine pour de multiples raisons :
- d'abord parceque la majorité des gisements algériens commencent à s'essouffler malgré les actions déjà entreprises ou en cours. - ensuite parce que les récentes techniques de management des réservoirs et de récupération des hydrocarbures en place dans ces réservoirs ont complètement remis en cause les anciens modes d'exploitation, et permettent d'augmenter de façon très significative le taux de récupération, c'est-à-dire en bout de compte les réserves prouvées dont j'ai parlé tout à l'heure, et par conséquent aussi bien le maintien du niveau de production que le recul de cette date-butoir d'après-pétrole. Imaginez-vous que le taux de récupération de Hassi Messaoud pour ne citer que ce gisement géant, est actuellement je crois entre 25 et 30%, et que si on réussissait à l'augmenter par exemple de 10% seulement, cela équivaudrait à la totalité des découvertes qu'on a pu faire depuis plus de dix ans.
Il y a actuellement des gisements aussi bien en Algérie qu'à travers le monde où la récupération est supérieure à 40%. Tout dépend bien sûr de la qualité du réservoir, mais beaucoup aussi des techniques actuelles, des progrès futurs, et des ingénieurs de demain qui viendront je l'espère de l'IAP. J'aimerai rajouter quelques mots en réponse à votre question qui ne mentionne pas le nouveau concept d'exploitation du pétrole et du gaz de schiste dont beaucoup parlent en ce moment. Il est vrai qu'actuellement les USA sont à la pointe du progrès dans ce domaine et arrivent non seulement à exploiter le gaz mais aussi le pétrole liquide à partir de schistes et de sables bitumineux. D'autres projets sont aussi en cours en Europe, particulièrement la Pologne. Cette orientation est le résultat de progrès technologiques mais aussi la conséquence d'une demande importante en énergie par rapport à une production insuffisante et un prix de l'énergie assez élevé. Ce n'est pas du tout le cas chez nous mais cela ne doit pas nous laisser en rade pour l'avenir, aussi faut-il s'y mettre maintenant à travers des travaux d'évaluation et même des pilotes à titre expérimental, car on y arrivera un jour l'autre comme partout ailleurs le jour où ces ressources seront rares. Une seule précaution doit être prise, ne pas négliger pour le moment ce qu'il y a à faire en matière d'amélioration des taux de récupération car il y a certainement de mon point de vue plus de réserves à récupérer et à moindre coût par rapport aux hydrocarbures non conventionnels.
4 - Que préconisez-vous pour optimiser la consommation de pétrole, éviter le gaspillage et promouvoir les économies d'énergies, afin de préserver les chances des générations futures et ne pas hypothéquer leur survie?
Ma réponse ne va pas être agréable à donner car elle est impopulaire mais je vais le faire quand même. Je trouve que notre pays ne fait pas grand-chose pour optimiser la consommation, qu'il y a un énorme gaspillage, et qu'en plus le prix de l'énergie est vraiment dérisoire par rapport aux défis futurs et à nos engagements vis-à-vis des générations futures. Nous avons sincèrement perdu trop de temps assis sur ce bon matelas tout chaud de rente pétrolière.
Voici comment se présente l'Algérie énergétique : Une consommation d'une tonne équivalent pétrole par an et par habitant, soit 39 millions de TEP dont environ 28 millions en gaz naturel et 11 millions en pétrole liquide. Cela représente environ 22% de notre production commercialisée, le reste (78%) étant exporté. Nous importons aussi quelque 3 millions de tonnes en bitumes, gasoil, et autres produits pétroliers que notre pétrole et nos raffineries ne produisent pas. Une consommation de 900 KWh par an et par habitant, à partir d'une électricité produite à 98% à partir du gaz naturel. La demande en énergie électrique croît en moyenne de 6,7% par an, et en 10 ans la consommation d'électricité haute et moyenne tension a augmenté de 43 et 63%. Il est enfin prévu que la consommation globale double d'ici l'an 2020. Tout ce que je peux dire c'est que l'Algérie est énergivore par rapport à ses besoins industriels et domestiques raisonnables. On devrait un jour tenter d'établir une carte énergétique de l'Algérie et faire correspondre la consommation énergétique à sa production industrielle, agricole, de services, et autres biens ou richesses pour en tirer des leçons qui seront très intéressantes.
La réponse est simple : trop de moteurs qui démarrent inutilement chaque matin, trop de consommation électrique en perte. Ajoutez à cela un prix de l'énergie de façon générale qui n'est vraiment pas dissuasif vis-à-vis du consommateur quel qu'il soit, et l'absence d'alternative, ainsi que la pression sociale qui limite les manœuvres vers une tendance réductrice ou au moins d'économie de la consommation d'énergie.
D. Z.


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