Le siège de l'APW de Tizi Ouzou a regroupé hier la commission des sages créée dans le but de désamorcer la situation de blocage qui perdure depuis presque trois mois à la laiterie de Draâ-Ben-Khedda. Une entreprise à l'arrêt depuis le lancement d'un mouvement de grève le 15 octobre dernier par les travailleurs qui, outre les revendications socioprofessionnelles, exigent la reprise de cette entreprise par l'Etat, et ce, après sa privatisation décidée en 2008. Cette rencontre s'est finalement déroulée sans le collectif des travailleurs de la laiterie qui se sont abstenus à cause, lit-on dans une déclaration signée par leur collectif, des déclarations du P/APW sur les ondes de la radio locale, qui “a démontré qu'il y a un parti pris flagrant avant même la tenue de cette réunion” car, selon le même document, “le P/APW a déclaré que le repreneur a respecté le cahier des charges, prenant ainsi une position claire du côté du patron avant même de nous avoir écoutés. Cela signifie pour lui que nos revendications seraient tout simplement illégitimes, et que notre grève serait infondée”. Les rédacteurs du communiqué invitent “les élus APW, des différents partis politiques, à constituer une commission d'enquête afin de constater de visu comment une entreprise qui faisait la fierté de notre wilaya est dilapidée”. “Nous réitérons aussi notre appel aux plus hautes autorités du pays que nous exhortons d'envoyer une commission d'enquête IGF afin de constater les énormes irrégularités commises par le preneur de la laiterie”, ont-ils ajouté. De son côté, le P/APW de Tizi Ouzou a estimé lors de cette réunion que “le preneur de la laiterie a respecté le cahier des charges, et pour preuve, par exemple, il a créé 170 postes d'emploi en trois ans, plus que ce qui a été prévu, soit 150 postes en 4 ans. Les revendications des travailleurs de cette laiterie sont loin d'être des revendications socioprofessionnelles, mais par contre des revendications politiques. Louisa Hanoune est venue à Tizi Ouzou dans le seul but de semer la zizanie”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter : “les représentants de cette laiterie ont été empêchés d'assister à la réunion par un petit groupe de 40 à 50 travailleurs. C'est pourquoi on souhaite l'application des deux décisions de justice.” Pour le représentant de l'UGTA ayant assisté à cette rencontre, “l'idéal est de trouver une finalité de négociation. Cette unité ne mérite pas d'être dans cette situation. Nous militons pour la création d'autres investissements dans la région, c'est pourquoi on doit trouver une issue de dialogue, ce qui est dans les coutumes de l'UGTA”. Le représentant de l'UGCA a jugé utile “de renforcer cette démarche de dialogue. Toutefois, nous sommes contre que celle-ci soit utilisée à des objectifs politiques, tout en espérant un règlement pacifique de la situation. Nous ne sommes pas contre les revendications des travailleurs, mais ceux-ci peuvent continuer leur activité tout en revendiquant leurs droits”, dira-t-il. Il a ajouté qu'à ce rythme, l'entreprise “va perdre de ses quotas de rationnement en poudre de lait, ainsi que ses fournisseurs en lait de vache, récupérés par d'autres unités, ce qui ne travaille pas dans l'intérêt des travailleurs et de l'entreprise”. Il est à rappeler que cette entreprise emploie 380 travailleurs et 90 transporteurs et 1 600 éleveurs en emplois indirects. Par ailleurs, la même commission de sages, accompagnée du P/APW et du représentant de l'UGTA, s'est déplacée hier après-midi au siège de la laiterie de Drâa-Ben-Khedda en vue de débloquer la crise et d'enclencher le dialogue, en vain ; les travailleurs ont campé sur leur décision. K. Tighilt