La seule tentative d'intercéder dans le conflit de la laiterie de Drâa Ben Khedda a foiré. Les travailleurs reprochent à Mahfoud Bellabas, président de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, «son parti pris» pour la direction. Les propos de Mahfoud Bellabas ont-ils été mal interprétés ou bien s'agit-il réellement d'un parti pris? Ce responsable, suite au blocage de la situation au sein de l'ex-Onalait, a décidé d'initier une rencontre entre les deux parties en conflit avec la participation de nombreux autres partenaires concernés directement ou indirectement, à savoir l'Union générale des travailleurs algériens, la direction de l'agriculture, des représentants de la wilaya, l'Ugcc, la Chambre de commerce, etc. Le but de cette initiative, selon Mahfoud Bellabas serait de trouver une issue positive au conflit. Mais la démarche a fait long feu dès lors que les travailleurs de l'usine ont fait savoir qu'il leur serait impossible de cautionner une telle entreprise. Ils s'expliquent: «Depuis le début de notre grève, nous attendons à ce que les pouvoirs publics et les institutions élues se penchent sur notre situation et celle de l'entreprise pour trouver une solution conforme aux intérêts des travailleurs, de l'entreprise et de la wilaya. Cette initiative aurait été pour nous une occasion pour exposer aux responsables locaux nos préoccupations ainsi que les faits qui nous ont emmenés à enclencher le mouvement de grève et écouter leurs points de vue et propositions, mais l'intervention du président de l'Assemblée populaire de wilaya sur les ondes de la radio locale le 8 décembre dernier a démontré qu'il y a un parti pris flagrant avant même la tenue de cette réunion.» Selon les salariés de cette entreprise privatisée en 2004, Mahfoud Bellabas aurait déclaré que le repreneur a respecté le cahier des charges. Pour les travailleurs, par ces affirmations, le P/APW a ainsi pris position claire aux côtés du patron avant même de nous avoir écoutés. «Cela signifie pour lui que nos revendications seraient tout simplement illégitimes et que notre grève serait infondée», ajoute-t-on. Et d'enchaîner: «Pour cette raison, nous annonçons avec regret pour les différents organismes, institutions et personnes prévues à cette réunion, que nous ne pouvons assister à une réunion où il y a un parti pris flagrant à l'avance. D'autre part, les travailleurs de l'ex-Onalait appellent les élus APW des différents partis politiques à constituer une commission d'enquête APW pour constater de visu comment une entreprise qui faisait la fierté de la wilaya est dilapidée. Les concernés interpellent aussi les plus hautes autorités du pays pour envoyer une commission d'enquête IGF «afin de constater les énormes irrégularités commises par le repreneur de la laiterie». Les travailleurs campent aussi sur leur revendication principale, à savoir la reprise par l'Etat de leur entreprise. Du côté de la direction, aucune déclaration n'est faite à la presse en dehors du bilan détaillé de l'entreprise établi par le conseil d'administration et largement diffusé. Un bilan qui fait ressortir l'exact contraire de ce qui est avancé par les travailleurs, en grève depuis plus de deux mois.