Très étatisée dans notre pays pendant longtemps, la culture devrait échapper à toute forme de contrôle par l'Etat. Plus que d'échapper aux institutions officielles qui continuent et/ou qui tentent encore de la conditionner et de la conduire, la culture devrait plutôt être libérée des orientations forcées, des pistes tracées et des axes par avance établis. Pour qu'elle soit vraie, naturelle, libre, participative et surtout redevenir une émanation de la pensée profonde et des pulsions de la communauté, la culture devrait être désétatisée. Etant l'héritage de tout ce que l'homme ajoute à l'homme, la culture forme ainsi la longue chaîne des valeurs dynamiques et constamment en évolution d'une société donnée. Lui construire des structures, des temples même, disait Mammeri pour qui la culture vit de vérité, où elle peut ainsi s'exprimer, se forger et se développer est en soit utile, un devoir et même un droit attendu au titre de redistribution des richesses produites par les citoyens contribuables que nous sommes. Mais l'y enfermer pour que ne ressorte qu'un modèle conventionné, strictement cadré et dont la mission est d'être l'éclaireur s'en allant ensemencer des choix politiques, alors la culture devient une matière à endoctrinement pure. De plus et c'est justement parce que la culture a été fonctionnarisée chez nous qu'elle s'est tragiquement appauvrie. Voilà un constat d'une réalité qui nous dépasse de très loin. De la sorte dévalorisée et déconsidérée, le citoyen semble involontairement et malheureusement indifférent et éloigné de ces gisements didactiques locaux enfouis, relégués et gâchés sous l'effet des modèles d'un magma culturel qu'on a voulu lui substituer. D'autant que ces “vacarmes” sont sans attachement ni ancrage dans l'humus spontané du pays. Naturellement, les apports extérieurs sont utiles, nécessaires, et même qu' “une culture peut être étrangère sans pour autant qu'elle soit ennemie.” Sauf que l'idée n'est réellement valable que si les apports périphériques viennent en complémentarité du soubassement identifiant, et reconnue comme une assise aux racines profondes. Au fait, que sont devenus ces chansons, ces films et ces livres produits par bons de commandes interposés au temps de l'unicisme et du tout Etat ? A. A. [email protected]