Fortement chahutées depuis l'été dernier sur les marchés boursiers en raison de leur exposition à la dette grecque, dégradées voici quelques jours par une agence de notation, les banques françaises installées en Algérie depuis une dizaine d'années enregistrent une forte progression de leur activité et de leur rentabilité. L'accroissement substantiel de leurs ressources, dans le sillage du relèvement du seuil du capital minimum, porté depuis début 2010 à 10 milliards de dinars (100 millions d'euros), a placé les filiales des 3 banques françaises activant sur le marché algérien (toutes contrôlées à 100% par la maison mère), dans une situation plus confortable par rapport aux règles prudentielles. C'est ce qui leur permet tout d'abord d'afficher et de réaliser des objectifs ambitieux en matière de développement de leurs réseaux. BNP Paribas El-Djazaïr et Société Générale Algérie sont les plus en vue dans ce domaine avec pour chacune d'entre elles près de 70 agences opérationnelles et des rythmes d'ouverture d'une dizaine d'agences par an au cours des dernières années. Société Générale Algérie, par la bouche du tout nouveau président de son directoire, M. Pierre Boursot, annonçait même, la semaine dernière, un objectif de 150 agences d'ici 2015. Natixis Algérie, qui est la plus ancienne et la plus discrète des banques de l'Hexagone installée dans notre pays, est un peu en retrait, avec une vingtaine d'agences en activité et un objectif de 30 agences en 2013. Ce dynamisme n'est pas forcément vu d'un très bon œil par le régulateur algérien du secteur. À l'image de l'ensemble des banques privées, les opérateurs français se plaignent des freins imposés au développement de leurs réseaux par la Banque d'Algérie. Le P-DG sortant de la Société générale, Gerald Lacaze, en avait fait l'un de ses leitmotivs et déclarait encore, voici quelques mois : “Nous avons actuellement plus d'une dizaine d'agences qui attendent leur agrément par la Banque d'Algérie, les délais de délivrance de ces autorisations restent pour nous une source de frustration et un frein au développement rapide de notre activité." Une rentabilité en hausse Une situation qui n'empêche pas les banques françaises d'afficher un niveau d'activité ainsi que des ambitions et des bénéfices en hausse sensible au cours des dernières années. Société Générale Algérie revendique à juste titre la place de 1re banque privée avec plus de 300 000 clients. Ce qui la place loin devant ses concurrents. Elle a annoncé cet été un bénéfice de 3,4 milliards de dinars (34 millions d'euros) en 2010, en forte progression par rapport aux 2,4 milliards de dinars enregistrés en 2009 et au 1,4 milliard de 2008. Les managers de SGA ne perdent aucune occasion de préciser que les fonds propres de la banque dépassent largement le montant du minimum légal et sont actuellement proche de 20 milliards de dinars (200 millions d'euros), ajoutant que la totalité des bénéfices réalisés sont réinvestis en Algérie. Dans son rapport annuel pour 2010, publié l'été dernier, le P-DG de BNP Paribas El-DjazaIr, Laurent Dupuch, annonce, de son côté, le franchissement du cap des 100 000 clients actifs. La progression de l'activité de la filiale algérienne du groupe français se poursuit à un rythme soutenu, illustré par des dépôts en hausse globalement de 19% pour atteindre 121 milliards de dinars (1,2 milliard d'euros), une collecte de l'épargne qui augmente de plus de 38% en 2010 et des engagements en progression également de plus de 22%. La rentabilité est au rendez-vous avec un bénéfice net de 4 milliards de dinars (40 millions d'euros), en hausse de 16%. La tendance se prolonge au premier semestre 2011 et le conseil d'administration réuni en novembre a approuvé des comptes qui affichent un bénéfice de 2,27 milliards de dinars au 30 juin. Du côté de Natixis, c'est le directeur du réseau, Tayeb Bouacha qui, dans l'une des rares interventions publiques d'un responsable de cette banque, affirmait en juillet dernier que “la filiale algérienne est l'une des expériences les plus réussies dans la zone Moyen-Orient-Afrique.” Il précise que l'exercice 2010 “a répondu parfaitement aux objectifs que nous nous étions fixés en termes de progression d'activité et de rentabilité ". En chiffres, cela s'est traduit à la fin de l'année 2010 par un encours global de l'ordre de 80 milliards de dinars (800 millions d'euros) répartis en crédits directs avoisinant les 40 milliards de dinars et un total de crédits par signature hors bilan dépassant les 40 milliards de dinars, ce qui représente une évolution respective de l'ordre de +22% et +15% par rapport à l'exercice 2009. Comme pour l'ensemble des banques privées présentes sur le marché algérien, “les résultats enregistrés en matière d'opérations de commerce extérieur sont très positifs, notamment les Credoc et acceptation, qui ont progressé de 15%.” Nouveaux créneaux porteurs L'interdiction pure et simple du crédit à la consommation et du crédit automobile depuis le début du mois de septembre 2009 a été surtout sensible pour les filiales algériennes de BNP Paribas ou de la Société Générale, qui étaient très impliquées sur ce segment de marché. Le personnel dédié à ces opérations a été réaffecté vers le crédit au professions libérales et aux artisans et commerçants ainsi qu'aux petites PME, nouveaux créneaux porteurs identifiés, dans le but de rentabiliser un réseau d'agences qui va continuer de croître à un rythme soutenu. L'effort des banques françaises dans ce domaine et leur succès relatif repose sur un meilleur encadrement et une meilleure prise en charge de la clientèle. Pour SGA, Pierre Boursot précisait voici quelques jours : “Nous avons déjà développé une clientèle de près de 21 000 professionnels, qui comporte plus de 5 400 PME, et de près de 15 000 artisans, commerçants ou membres de professions libérales. L'extension de notre activité dans ce domaine est une de nos priorités.”...! H. H.