Alors que les déclarations de bonne intention se multiplient, il n'en demeure pas moins que la crise du carburant à l'ouest du pays persiste depuis plus d'une semaine. La situation tarde à se normaliser au niveau des 94 stations-services que compte la wilaya d'Oran. “Ce produit reste toujours sous tension et connaît une pénurie alarmante”, affirme le gérant de la station-service à proximité du lycée Lotfi. Vendredi et samedi, d'interminables files de véhicules tous types confondus se sont formées pour s'approvisionner en essence super, normal et sans plomb. Les automobilistes pestent contre cette pénurie qu'ils mettent volontiers sur le compte de la négligence. “Comment peut-on permettre à une wilaya de l'envergure d'Oran de tomber en panne sèche à cause d'une histoire de bateau qui n'arrive pas à accoster et à décharger le carburant ?” déplorent-ils. Contacté par nos soins, M. Cherdoud, responsable de la cellule de communication à Naftal, a indiqué que cette situation est due à l'effet de “consignation des ports générée par les mauvaises conditions climatiques que connaît le pays depuis plusieurs jours”. Le même responsable avait affirmé que les opérations d'approvisionnement seront normalisées dans le court terme. Constat battu en brèche par des milliers d'automobilistes qui sont affectés par la crise de carburant (normal et super) qui sévit depuis plusieurs jours à travers l'ensemble de la wilaya de Tlemcen et semble perdurer. Contrairement au communiqué de Naftal affirmant que les stations-services sont à présent approvisionnées normalement après cette rupture due, d'après certaines sources, à des “aléas climatiques ayant empêché les tankers de livrer l'essence au niveau des ports”, sur le terrain, la réalité est tout autre. La wilaya de Tlemcen est la région la plus touchée dans l'ouest du pays par cette crise, étant donné sa proximité de la frontière algéro-marocaine vers laquelle sont convoyés tous les jours des milliers d'hectolitres de carburant par les trafiquants, face auxquels les pouvoirs publics demeurent impuissants depuis plusieurs années déjà. Même sans cette rupture de stock, des chaînes interminables se forment depuis l'aube jusque tard dans la nuit autour des stations-services, mais un nombre restreint d'automobilistes parviennent à faire le plein, les autres sont obligés de rebrousser chemin, car le quota affecté est vite épuisé. Cette situation se caractérise par l'absentéisme des travailleurs de leurs lieux de travail. Pour leur part, la plupart des chauffeurs de taxi ont dû, contre leur gré, mettre au garage leurs véhicules en panne sèche, ne pouvant plus assumer le transport. Heureusement que la disponibilité du mazout (fait rarissime ces jours-ci) a permis aux transporteurs des bus d'assurer leur mission en faveur des populations des zones urbaines et rurales. Par ailleurs, la perturbation dans l'approvisionnement en carburant que connaît la ville frontalière de Maghnia complique la situation dans la région extrême ouest du pays. Ainsi, en plus des “hallaba” qui continuent depuis une trentaine d'années de ponctionner le carburant au profit d'un pays voisin, voilà que cette pénurie vient aggraver cet état de fait. Une petite virée à travers la ville suffit à renseigner sur l'ampleur de la situation. Le climat est électrique au niveau des stations-services qui affichent sec et la tension est palpable, notamment à la station de Naftal. Des files d'attente interminables se forment dans l'espoir d'un éventuel arrivage de carburant. “De menues quantités d'essence approvisionnent la station-service et qui restent en deçà de la demande exprimée par les clients”, affirme un automobiliste. En effet, la station-service Naftal, considérée comme la plus importante de par sa capacité, ne reçoit à présent qu'une citerne par jour. “Comment arriver à contenter la population avec une quantité journalière de 6 000 litres de super, 7 000 litres de normal et seulement 14 000 litres de gasoil ?”, s'interrogent les utilisateurs. K. R. I./B. Abdelmadjid/M. Ammami