Décès du chanteur Mouhou Mohand “Qriv anna-sagh, heggith timedlin/ Hsigh adh m-tagh, d-aghriv f-lwaldin” (J'arriverai dans peu de temps, préparez les dalles de la tombe ; conscient de ma mort, loin de mes parents), disait Mouhou Mohand dans l'une de ses chansons. Mouhou Mohand est décédé dans la nuit de vendredi et samedi, 48 heures après son admission à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Il est né le 20 janvier 1947 à Ath Ouamar, dans la commune d'Ath Melikèche, près de Tazmalt, dans la wilaya de Béjaïa. Il a fait ses premiers pas dans la chanson kabyle aux débuts des années 1970, avec Qriv anna-sagh et trois autres chansons enregistrées dans les studios et avec l'orchestre de la RTA de l'époque, actuelle ENRS. Il a fait partie des deux premières vagues des chanteurs post-indépendance avec Lounis Aït Menguellet, Hassan Abassi, Athmani, Madjid Acher, Halli Ali, Medjahed Hamid, Mouloud Habib, Hamel Saïd, Kheloui Lounès, Mohamed Chemmoun, Kaci Abdjadoui et bien d'autres. Après plusieurs dizaines d'années de silence, il avait édité, en 2010, un CD contenant 8 titres. Il s'apprêtait à récidiver en 2012 avec un nouvel album. “Je suis en train de le peaufiner. Je pense qu'il sortira au cours du premier semestre 2012”, nous avait-il confié une semaine avant son décès. Mouhou Mohand s'était éloigné de la chanson pendant de longues années. “Lorsqu'on n'a pas des choses intéressantes à dire, il faut savoir se mettre à l'écart et attendre le retour éventuel de la muse”, ajoutait-il avec humour. “C'était un homme simple et un artiste très modeste”, dira son ami Machid Acher. Mouhou Mohand aimait et respectait la musique. Il s'était refusé de chanter n'importe quoi, de chanter juste pour chanter. Il s'est éteint au moment où il venait de reprendre son mandole pour taquiner la muse. Il sera inhumé demain, lundi 9 janvier, dans son village natal. M. A. Himeur Abdelwahab Abdjaoui nous a quittés Il fut l'un des plus proches de feu cheikh Sadek El-Bedjaoui, aussi bien en tant que musicien et chanteur de talent, qu'en qualité d'ami. Abdelwahab Abdjaoui, de son vrai nom Rachid Baouche, est un enfant du prestigieux et ancestral quartier béjaoui Bab Ellouz (la Porte des Amandiers, l'une des portes de la médiévale Béjaïa), et il y naquit en 1925. électricien de formation et de profession, l'artiste, interprète de tant de succès en kabyle durant les années de l'âpre guerre de libération, des chansons à textes (et de messages patriotiques…) que lui écrivait son ami et maître cheikh Sadek, était, des années durant, le gardien du temple du théâtre de Béjaïa dont il assurait le bon fonctionnement de toute la “physiologie” électrique ainsi que le volet sonorisation. Pour dire qu'il était constamment dans son élément naturel : la scène. Dans les années 1950, Da Rachid c'était le beau ténébreux à la voix chaude, le guitariste perfectionniste mais également un “gentleman” fort discret et dont la remarquable humilité non feinte ajoutait à son immense capital sympathie. Qui ne l'aimait pas, Da Rachid ? Seule la haine gratuite, sans doute… Dans le courant du mois de novembre 2011, un vibrant hommage lui a été rendu au TR Béjaïa. Mais l'étrange coïncidence c'est le fait que Abdelwahab Abdjaoui soit parti à jamais le même jour, le même mois et à la même heure que l'illustrissime défunt cheikh Sadek El-Bedjaoui (décédé le 7 janvier 1995) : un sept janvier. Abdelwahab Abdjaoui en aura attristé plus d'un et d'une, même parti à 87 ans. Il a été inhumé hier. Mustapha Bensadi