L'assainissement du fichier électoral est une condition nécessaire à la tenue d'élections transparentes. À défaut, c'est la politique des quotas qui sera reconduite, estime le RCD. Le RCD s'achemine-t-il vers le boycott des prochaines élections législatives ? S'il faut se garder de tirer une conclusion hâtive, il reste que l'option qui devrait être tranchée par les instances du parti, dont le congrès est prévu pour la première semaine de mars, semble, pour l'heure, la plus privilégiée. Raisons de cette option : l'absence “de conditions sérieuses” d'une surveillance internationale, l'adoption des récentes lois qui ne participent pas à la construction d'un climat politique favorable à un scrutin transparent et, enfin, la mainmise de l'administration que le RCD soupçonne de recourir à la politique des quotas, dans l'organisation et la préparation du scrutin. “Pour ce qui le concerne, le RCD a toujours été clair : il ne peut y avoir d'élections crédibles si les conditions sérieuses d'une surveillance internationale, tant au plan de la préparation que de l'observation, ne sont pas réunies. Participer au détournement de la volonté populaire au moment où les contestations rappellent quotidiennement, dans le pays et dans la région, l'impératif de faire du citoyen l'acteur et l'arbitre de la vie publique, reviendrait à se rendre complice d'un système qui a renié et trahi les sacrifices et les espoirs du peuple algérien”, écrit le RCD, dans un communiqué rendu public hier. Le RCD dont l'exigence de la surveillance internationale “massive et qualifiée” constitue presque un sacerdoce, seul à même de garantir un scrutin libre et transparent, constate que le ministre de l'Intérieur, qui a annoncé la tenue des élections au mois de mai prochain, est “en porte-à-faux” avec les standards internationaux. En ce sens qu'outre l'observation, la surveillance internationale comporte également la préparation qui débute généralement six mois avant la date du scrutin. “Pour l'instant, le pouvoir a d'ores et déjà ignoré les phases de la préparation où se joue l'essentiel d'une élection. En effet, le fichier électoral où une même personne est inscrite 3, 4 voire 10 fois est toujours en vigueur, un stock de près de 3 millions de voix est prêt à être distribué entre les quotas retenus. La concentration des bureaux et la gestion des centres de vote dépendront, cette fois encore, du seul bon vouloir de l'administration…”, observe-t-il. Constatant également qu'en Tunisie, c'est l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et non le ministère de l'Intérieur qui a été chargé, entre autres, de refaire le fichier électoral, tout comme au Sénégal où une mission d'audit du fichier électoral, effectuée par une commission indépendante, a rendu son rapport en février 2011 pour le scrutin de 2012 alors que, par ailleurs, les ONG spécialisées dans la surveillance, également présentes chez nos voisins six mois avant les consultations électorales, sont, pour l'instant, toutes refusées par Alger, le RCD préconise le report des prochaines élections. “À moins d'être reportées à une date ultérieure, les législatives de 2012 n'échapperont pas à la traditionnelle répartition des quotas décidés par les officines, politique qui est à la base de la régression nationale”, conclut le communiqué. K.K.