L'auteur revient sur l'année 1845 où l'invasion française avait engendré des massacres dans plusieurs villages algériens sous les ordres du général Bugeaud. Un essai historique sur les atrocités du colonialisme français vient de paraître chez les éditions El-Kalima. Les enfumades du Dahra - Les 1000 martyrs des Ouled Ryah a été écrit par Amar Belkhodja. Dans ce livre de 78 pages, l'auteur revient sur l'année 1845 où l'invasion française avait engendré des massacres dans plusieurs villages algériens sous les ordres du général Bugeaud. Il narre ces faits avec des mots poignants, décrivant dans le moindre détail la barbarie de ces officiers qui tuaient avec sang-froid. D'ailleurs, l'histoire a oublié de raconter les faits sanglants de cette année-là, où toute une tribu a été piégée et assassinée comme du bétail. Tout commence au mois de juin, le général Bugeaud dirigeait des opérations de razzias dans la région d'Orléansville (Chlef). à cet effet, il avait ordonné à ses hommes de n'épargner aucune âme. Parmi ces officiers, le colonel Pélissier, en ce temps-là il se trouvait à quelques lieues du Dahra (Mostaganem). Les Français étaient sur la conquête de cette région, qui était courageusement protégée par l'émir Abdelkader. Accompagné par ses 4000 subalternes, le colonel Pélissier avait donné l'ordre de tout détruire en déclarant : “La peau de l'un de nos tambours avait plus de prix à mes yeux que la peau de tous ces misérables”, comme rapporté par Raoul Busquet dans La Revue Africaine, numéro 51 en 1907. Les villageois avaient eu écho de cette nouvelle mode des enfumades dans les villages. De crainte de voir leur tribu anéantie, ils se dirigèrent vers Ghar Frachih dans les hauteurs du Dahra. Mais ces gens n'étaient pas informés des ordres de Bugeaud qui avait exigé de ses soldats que si “des habitants se réfugient à l'intérieur d'une grotte, imitez Cavaignac et fumez-les comme des renards”. La tragédie allait naître, un millier de femmes, d'enfants, d'hommes et de personnes âgées ont quitté leurs maisons et leurs biens pour trouver refuge dans cette grotte. Afin d'échapper à leurs bourreaux, ils ont emporté le strict minimum : quelques bêtes, des vêtements et quelques denrées alimentaires. Ces grottes du Dahra avaient servi de refuge durant des siècles. Arrivés sur place, les Ouled Ryah venaient d'entrer dans la gueule du loup. Les femmes s'occupaient de leurs enfants, les hommes maintenaient le silence dans le but de ne pas alerter l'ennemi. Mais à leur insu, les “Roumis” connaissaient cet abri. Le moment fatidique était arrivé. Le colonel Pélissier et son armée avaient encerclé la seule issue de la grotte, en ordonnant de tirer sur toute personne essayant de s'échapper. D'autres groupes avaient barricadé l'entrée avec du bois mort, des branchages et des bottes de pailles. Le campement installé, le colonel a ordonné le commencement de l'enfumade. Un massacre collectif a eu lieu à cet endroit, des milliers de personnes étaient mortes asphyxiées au bout de 24 heures d'agonie. Sur cet odieux assassinat considéré comme légitime pour le colon français, toute une tribu a été “pulvérisée et rayée de la carte”. Amar Belkhodja ranime, restitue une page de l'histoire algérienne, où les soldats français exerçaient leur métier comme des “machines à tuer”. Dans son livre, il dénonce une vérité rapportée par le comte d'Hérisson : “Nos soldats glissaient peu à peu sur la pente insensible qui ramène si vite l'homme civilisé à l'état barbare. Ils tuaient sans pitié, ils frappaient sans nécessité, ils mutilaient pour châtier.” H.M. Les enfumades du Dahra - Les 1000 martyrs des Ouled Ryah, Amar Belkhodja, éditions El-Kalima