Un responsable du site nucléaire de Natanz, dans le centre de l'Iran, a été tué mercredi dans l'explosion d'une voiture près d'une faculté à Téhéran, les autorités iraniennes accusant Israël de cet attentat. Cette attaque, la troisième à viser un scientifique travaillant sur des sites nucléaires depuis 2010, survient en pleine crise entre les grandes puissances et l'Iran au sujet de son programme nucléaire controversé. Mostafa Ahmadi Roshan a été tué lors de l'explosion d'une bombe magnétique placée sur la voiture à bord de laquelle il se trouvait, alors que le véhicule circulait près de l'université Allameh Tabatabai, dans l'est de Téhéran. “Ce matin, un motard a collé une bombe à une Peugeot 405 qui a ensuite explosé”, a déclaré le vice-gouverneur de la province de Téhéran, Safar-Ali Baratloo, cité par l'agence Irna. M. Ahmadi Roshan a été tué et deux passagers du véhicule, dont son garde du corps, ont été blessés et transportés dans un hôpital, selon ce responsable. Âgé de 32 ans, “l'ingénieur Mostafa Ahmadi Roshan, qui a obtenu, il y a neuf ans, une licence en chimie à l'université Sharif, était le vice-directeur pour les affaires commerciales du site de Natanz”, a rapporté l'agence de presse Mehr. Selon l'agence Fars, citant un collègue, il travaillait sur un projet de membranes polymères utilisées pour la séparation de gaz. Safar-Ali Baratloo a aussitôt accusé Israël d'être derrière l'attentat. “Israël est responsable de cet attentat, la méthode ressemble à celle utilisée dans les (autres) attentats contre les scientifiques nucléaires iraniens”, a déclaré M. Baratloo, cité par la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Au Parlement, les députés ont crié “mort à Israël” et “mort à l'Amérique” après l'annonce de l'attentat. Natanz est le principal site d'enrichissement d'uranium du pays et compte plus de 8 000 centrifugeuses. L'Iran a démarré, cette semaine, une autre usine d'enrichissement, celle de Fordo, située à 150 km au sud-ouest de Téhéran pour y faire de l'enrichissement à 20%. Cette annonce a été condamnée par les pays occidentaux, qui craignent que le programme nucléaire civil de Téhéran ne cache un volet militaire, ce que dément l'intéressé. Ils cherchent à renforcer les sanctions économiques contre l'Iran pour l'obliger à arrêter son enrichissement. Les pays européens, notamment, envisagent d'imposer des sanctions pour arrêter les achats de pétrole afin de faire pression contre Téhéran. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé, mardi, l'Iran à “cesser immédiatement l'enrichissement d'uranium” et estimé qu'aucune raison “crédible” ne justifiait la production d'uranium enrichi sur le site de Fordo. La Chine, alliée de l'Iran, a souhaité, mercredi, que l'Iran coopère avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le site de Fordo, alors qu'un responsable américain est venu demander à Pékin d'exercer des pressions sur Téhéran. Trois autres scientifiques iraniens ont été tués par l'explosion de bombes depuis janvier 2010, dont deux travaillaient pour le programme nucléaire. Massoud Ali Mohammadi, physicien nucléaire internationalement reconnu, avait été assassiné en janvier 2010, et Majid Shahriari, un scientifique nucléaire, en novembre 2010. Un autre scientifique, Dariush Rezainejad, avait été tué en juillet 2011. L'actuel chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Fereydoun Abbassi, avait échappé à un attentat similaire en 2010. Les dirigeants iraniens accusent généralement Israël et les Etats-Unis d'être responsables de tels attentats. Ils leur avaient également imputé la responsabilité d'une attaque informatique par le virus Stuxnet qui semble avoir perturbé les activités d'enrichissement à l'automne 2010. Téhéran est sous le coup de six condamnations du Conseil de sécurité de l'ONU et de sévères sanctions internationales en raison de son programme nucléaire. R. I./Agences