Selon les organisateurs, environ 5 000 personnes ont regagné hier la place El-Moukawama mais, visiblement, les manifestants ne cherchent pas un affrontement direct avec les forces antiémeutes. Les rumeurs ayant fait état, dans la matinée d'hier, de la reprise des manifestations après la prière du vendredi étaient finalement fondées. En effet, immédiatement après la prière, des petits groupes de manifestants provenant des quatre coins de la ville ont convergé vers la place El-Moukawama (place de la résistance). À leur sortie des mosquées de la ville, une marée humaine s'est vite formée et l'esplanade El-Moukawama a connu une affluence progressive. Dans le calme, des protestataires scandaient des slogans contre les autorités et ont réitéré leur principale revendication : “Revoir la liste des bénéficiaires de logements”. Un dispositif sécuritaire a été mis en place tout autour. Ils brandissaient les portraits du président de la République, une manière de lui faire un appel du pied pour intervenir et mettre le holà à cette hogra. Selon des organisateurs, on parle d'environ 5 000 personnes qui ont regagné hier la place El-Moukawama. Visiblement, les manifestants ne cherchent pas un affrontement direct avec les forces antiémeutes, craignant que la situation ne dégénère. Ceci est d'autant vrai que certains manifestants ont réussi à contrôler des pseudos protestataires qui tentaient de jeter des pierres contre les agents de police. En fait, tout se déroulait sous les yeux des forces de l'ordre, prêtes à intervenir au moindre dérapage. Jusque-là, les mesures d'apaisement prises par le wali de Laghouat et l'intervention des sages et des imams devant les manifestants semblent avoir agi sur le moral des “troupes” protestatrices. Ceci, en sus des communiqués de l'Apc appelant à la sagesse et au sens des responsabilités. En effet, suite à des réunions marathoniennes pour trouver une issue à la crise que traverse cette paisible wilaya du sud du pays, et dans le cadre de l'éradication définitive des bidonvilles, notamment à Lafrane et Lemhafir qui regroupent pas moins de 194 foyers, cette action permettrait, selon le communiqué du wali, de récupérer une importante assiette foncière qui recevra, en sus d'un projet de réalisation de 4 000 logements sociaux locatifs, un nouveau pôle universitaire et d'autres ouvrages publics. Ainsi, le wali a annulé le caractère définitif de la liste des bénéficiaires des logements destinés à la résorption de l'habitat précaire, en attendant les conclusions de la commission d'enquête mise en place à cet effet. Se voulant rassurant, le premier responsable de l'exécutif de la wilaya a déclaré que dans le cas où l'enquête détecterait que certains parmi eux ont bénéficié d'un bien immobilier dans une autre wilaya ou en possède un, ils seront exclus et poursuivis en justice. Il faut dire que le communiqué, étant largement relayé par les imams de la ville, a soulevé le courroux de plusieurs protestataires qui campaient sur leurs positions. Ils estiment qu'au lieu de jouer le jeu du pouvoir, l'imam doit jouer d'abord le rôle qui lui est dévolu, à l'intérieur de la mosquée. Devant la malvie due au chômage qui touche de plus amples populations, le pouvoir d'achat qui ronge la classe moyenne et la santé encore “malade” dans cette région du sud du pays, la question du logement ne constitue réellement que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, selon les citoyens interrogés par Liberté. B.A