Résumé : Saïd en a fini avec son service national. Il rentre à Alger. Nadia n'a pas le cœur à le laisser seul. Elle le prend chez elle, et le jeune homme, un vrai ange, s'occupe de Aziza et d'autres corvées. Un jour, il parle de l'absence de Omar et promet de le corriger s'il ne rentre pas. Nadia ne lui dit pas tout... -Ne te mêle pas de ma vie privée ! le prie-t-elle un matin où il demande le numéro de téléphone de son beau-frère. Il est très pris et je ne vois pas ce que tu as à lui dire ! - Quand rentre-t-il ? - Il a dit dans deux ou trois jours, répond Nadia. - Il y a deux jours qu'il t'a dit ça… Il se moque de toi. Plus j'y pense, plus je suis convaincu qu'il a une double vie, insiste Saïd. Ce n'est pas normal ces absences à répétition, et surtout cette fois, elle dure depuis trois semaines. Comment fais-tu pour garder ton calme ? Cela t'indiffère qu'il soit ailleurs ? - Il n'est pas avec une femme, il est seulement retenu par son travail, le défend-elle. Tu verras, dans deux ou trois jours, il sera à la maison. Est-ce que tu as regardé les offres d'emploi dans les journaux ? lui demande-t-elle pour changer de sujet. Tu te cherches du travail au moins ? - Bien sûr, mais avant je vais repeindre la cuisine, la salle de bains et le couloir, lui apprend-il. Je rentre dès ce soir. - Tu viendras dîner ici ? - Non, je me débrouillerai… enfin … les jours où tu ne passeras pas me concocter un bon plat ! - Si tu es d'accord, je vais demander à Ghania de venir s'occuper de toi, propose-t-elle. Elle prendra soin de toi et de la maison ! “En attendant que tu aies une épouse”, pense-t-elle sans avoir le courage d'aborder le sujet. Elle préfère attendre. Avec le temps, il allait certainement avoir une petite amie. Avec un peu de chance, il la lui présenterait. Après, elle lui en parlera et le rassurera quant aux frais du mariage. Il y a les économies laissées par leurs parents et elle est prête à l'aider. Saïd est un ange. Elle l'a toujours aimé et protégé comme s'il était son enfant et non son frère. à sa naissance, elle s'en est occupée. Agée alors de douze ans, elle a aidé sa défunte mère dans son éducation. Elle l'emmenait partout où elle allait. Nadia regrette qu'il ait grandi si vite. Quand il rentre le lendemain à Belcourt, elle est toute triste. Même s'il continuera à ramener Aziza de l'école et à faire le marché, elle ressent son absence. Elle s'inquiète pour lui, sachant qu'il n'a pas l'habitude de s'occuper de sa propre personne et encore moins d'une maison. Nadia la trouve en désordre, sens dessus dessous quelques jours plus tard. Saïd n'est pas là. Il a emmené Aziza au parc d'attractions. Elle voudrait rester pour tout ranger et nettoyer mais son mari doit arriver d'une heure à l'autre. Elle rentre donc chez elle, soucieuse. Omar est déjà arrivé. Elle ne montre aucune joie, aucune chaleur quand elle le découvre dans le salon. - Bonjour, lui dit-elle, bon voyage ? - à la tête que tu fais, je ne vois pas pourquoi tu ne me demandes pas de repartir ? rétorque Omar. Tu pourrais me regarder, avoir un sourire… Tu n'es pas contente de me voir ? - J'ai trop attendu, répond-elle. Et puis, j'ai des soucis … Si tu te rappelles, j'ai perdu mes parents et j'ai mon frère Saïd. Il est à Belcourt, tout seul ! - Pourquoi ne l'invites-tu pas à être ici ? Nadia secoue la tête. - Cela fait à peine une semaine qu'il est retourné à Belcourt. Dès son retour, je l'ai pris chez moi, mais il a remarqué que tu vivais à Constantine… Il a même fini par penser que nous étions séparés. - Incroyable ! Il a l'esprit mal tourné ! - Tu étais tout le temps absent, insiste-t-elle. Tu n'appelais plus. Depuis quand n'as-tu pas parlé à Aziza ? l'interroge-t-elle. Depuis quand n'as-tu pas pensé à elle ? Au fond, je me suis posé les mêmes questions que mon frère. Ton absence n'enchante pas Saïd. Il a beau être jeune, ses réactions sont celles d'un vieux. Ce sera un miracle si tu échappes à ses poings, ajoute-t-elle avec un sourire au coin de la bouche. Si cela doit t'ouvrir les yeux, je peux te jurer que je fermerai les miens ! Omar croit qu'elle plaisante. Il connaît son beau-frère et le sait très patient. Pourtant, il ne peut s'empêcher de douter quand il lui ouvre la porte, une heure plus tard. Il trouve Saïd changé. (À suivre) A. K. [email protected]
