Les parents d'élèves disent que c'est désolant qu'un lycée de près de 1000 élèves, qui s'est classé 1er quatre fois de suite, à l'échelle de la wilaya, pour les résultats du bac, se trouve dans des conditions périlleuses. Cinq mois après la rentrée scolaire, la colère gronde toujours après les grèves organisées successivement par les élèves, en septembre 2011, avant que leurs parents ne leur emboîtent le pas, en octobre. Le ras-le-bol est général. Les personnels administratif, pédagogique, les élèves et leurs parents ne cessent de se plaindre des conditions jugées périlleuses dans lesquelles ils travaillent et exigent le démantèlement du vieux lycée qui menace à la fois contamination et ruine, et la construction d'un lycée en dur dans les plus brefs délais. Il y a environ un mois, le président de l'association des parents d'élèves a jeté l'éponge, avons-nous appris de l'intéressé lui-même. Ce dernier s'est refusé à nous indiquer les raisons qui l'on poussé à démissionner, lui qui s'est battu au mieux pour améliorer la scolarité des enfants et, à travers eux, celle de tous les travailleurs de l'établissement. Lors de notre passage dans ce lycée, en novembre 2011, le président de l'APE nous a fait visiter toutes les structures de l'établissement. Il faut avouer que si on vidait l'établissement de tous ses élèves et de tous ses professeurs, on se croirait dans une cité-dortoir des plus démunies. C'est vraiment désolant pour ce lycée de près de 1000 élèves qui, sur le plan résultats scolaires au bac, s'est classé 1er à l'échelle de la wilaya, quatre fois de suite. Construit en 1990, ce lycée a rendu son “acte de décès” en 2000, selon ceux qui l'ont conçu. Dix ans, en effet, est la durée de vie de tous les baraquements en préfabriqué dont les cloisons renferment des fibres en amiante utilisées pour l'isolation. Suite à la détérioration des murs, les fibres d'amiante se détachent, emportées par les courants d'air avant d'être humées par les élèves et les enseignants. Dans les pays qui se respectent, ce lycée aurait dû être fermé depuis belle lurette, et tous les élèves et personnels auraient subi des examens et des tests de contamination. Les parents d'élèves ont exigé la construction d'un nouveau lycée en dur et, en attendant sa réalisation qui prendrait entre 18 et 30 mois, procéder à la délocalisation des élèves dans des chalets neufs et adéquats afin de ne pas perturber leur scolarité. Irrités par les conditions de travail exécrables, les parents d'élèves tout comme les enseignants ont rédigé des déclarations où ils se sont interrogés sur le mutisme de la direction de l'éducation face au danger permanent qui guette les élèves et leur encadrement. Les élèves sont parqués dans des classes de 50 élèves, où il faut faire attention pour ne pas recevoir sur la tête un panneau de fenêtre ou une plaque de contreplaqué. La cantine est rafistolée de toute part avec un plafond totalement éventré. Les laboratoires ressemblent à des blocs sanitaires d'où les élèves installés en classes TP ressortent aussitôt en raison de l'odeur de gaz. “On a pourtant coupé la conduite de gaz mais l'odeur persiste”, nous dira un professeur de sciences, qui regrette même qu'un tel lycée ne dispose pas de préau pour mettre à l'abri les élèves en temps de pluie ou de canicule. Aussi paradoxal que cela puisse paraître et en dépit des conditions de scolarité déplorables, les résultats scolaires, eux, défient toute logique : ce lycée est classé 1er dans la wilaya de Tizi Ouzou en 2011, avec 95,98% de réussite au bac et 11e à l'échelle nationale. C. N O