Il a jeté les premiers jalons d'un art qui, aujourd'hui, tente tant bien que mal à exister. L'auteur propose un retour sur la naissance du 4e art en Algérie. “Si Rachid Ksentini est l'homme-orchestre du théâtre algérien, Allalou en est le père fondateur”. (Préface d'Abdelkader Djerghloul, page 9). C'est cette affirmation que met en avant et développe le livre L'Aurore du théâtre algérien d'Ali Sellali dit Allalou, paru chez Apic éditions, avec le soutien du ministère de la Culture dans le cadre de la manifestation “Tlemcen capitale de la culture islamique 2011”. Ce livre revient sur la vie mais également le parcours d'Ali Sellali (c'est lui-même qui le trace), plus connu sous le nom d'Allalou (son nom de scène). Ce natif de la Casbah d'Alger (1902), a consacré les plus belles années de sa vie à l'art des planches. Mahieddine Bachtarzi, l'autre monument du théâtre en Algérie, avait écrit, dans ses mémoires, que “la jeunesse de Allalou, avec ses élans et ses enthousiasmes, c'est au théâtre qu'il l'a consacrée, et que celui-ci ne l'oubliera pas, ou alors il serait bien ingrat”. Ce livre témoignage aborde une période s'étalant sur six années, à savoir 1926-1932, durant laquelle, il s'est donné corps et âme à une discipline artistique non pas méconnue du peuple algérien, moins présente, moins “structurée”, moins formelle. Ce travail de mémoire est composé de deux parties : “Témoignages sur la naissance du théâtre algérien (1926-1932)” ; “Eléments de réflexion sur les arabes, l'Islam et le théâtre”. Dans la première partie, l'auteur aborde une partie de sa vie – durant les années vingt – qui correspond à un “moment décisif dans la restructuration de la sphère culturelle algérienne ( le pays était sous le joug colonial, ndlr)”. Une période où une intelligentsia, encore fragile, qui se [re]construit et se reconstitue “lentement et de manière fragmentée (…)”. D'autre part, c'est pour remettre les pendules à l'heure sur certaines inexactitudes rapportées : (…) “comme j'ai contribué pour une part à la création de ce théâtre, je suis convaincu que mettre les choses au point, c'est faire une œuvre utile qui facilitera la tâche des futures historiens et de tous ceux que ce sujet intéresse”. Et d'ajouter : “Au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, une chose m'a frappé : il semblait qu'aucun Théâtre algérien n'avait jamais existé auparavant. On l'ignorait ou on feignait de l'ignorer”. (Page 17). Toutes ces “erreurs” ont contraint l'auteur de sortir de sa solitude et de rompre le silence. Cette partie est également intéressante par son contenu, mais également par les sujets qu'elle aborde. L'auteur y consacre deux chapitres à Rachid Ksentini, un autre sur l'Emir Khaled, son rôle et sa place sur la scène politique…Quant à la seconde partie, elle gravite autour d'éléments de réflexions sur les Arabes, la religion (l'Islam) et le théâtre. En effet, Allalou remet en cause certaines affirmations avancées par Mahieddine Bachtarzi dans ses mémoires. Parmi elles, la raison de l'inexistence du théâtre chez les arabes : “Dire que ce n'est pas l'Islam, mais les Arabes qui sont responsables de l'absence de théâtre dans les pays musulmans, est une affirmation sans fondement”. Par ailleurs, et nonobstant, le travail de mémoire, L'Aurore du théâtre algérien (1926-1932), c'est une succession de mise au point de l'acteur principal dans la naissance du 4e art en Algérie. Loin du règlement de compte, c'est une référence pour tout Algérien désireux de comprendre cette machine qu'on appelle “théâtre”. Pour rappel, l'ouvrage d'Alli Sellali, dit Allalou, a été publié une première fois en 1982 dans le Cahier n°9 du Centre de recherche et d'information documentaire en sciences sociales et humaines (CDSH). A I L'Aurore du théâtre algérien (1926-1932) d'Allalou Ali Sellali. Editions Apic, 1600DA