Washington, qui semblait un peu en retrait par rapport aux événements tragiques en Syrie, met son grain de sel en surveillant les développements à travers un “bon nombre” de drones militaires et des services de renseignement américains. Les Etats-Unis ne peuvent pas rester à l'écart de ce qui se passe en Syrie, comme le confirme cette information rapportée hier par la chaîne américaine NBC, indiquant qu'un “bon nombre” de drones militaires et des services de renseignement américains opèrent au-dessus de la Syrie pour suivre les attaques des militaires contre l'opposition et les civils. Citant des responsables américains de la défense s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, cette source souligne cependant que ces vols d'avions sans pilote ne constituent pas une préparation à une intervention militaire américaine. D'après NBC, le gouvernement américain espère utiliser cette surveillance aérienne et les interceptions de communications du gouvernement syrien et de ses militaires pour appuyer son argumentation en vue d'une réponse internationale contre la Syrie. Pour l'instant, des discussions ont eu lieu au sein de la Maison-Blanche, du département d'Etat et du Pentagone sur d'éventuelles missions humanitaires en Syrie, ajoute-t-on, tout en précisant que les responsables américains craignent que ces missions ne puissent être lancées sans mettre en danger les participants et entraîneraient de façon quasi certaine les Etats-Unis à jouer un rôle militaire en Syrie. D'un autre côté, l'émissaire chinois en Syrie a appelé hier le régime, l'opposition et les rebelles à “cesser immédiatement les violences”. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, a appelé toutes les parties à un retour au calme, après un entretien avec Bachar Al-Assad. Pékin, qui, avec Moscou, a bloqué à deux reprises des résolutions à l'ONU condamnant la répression en Syrie, appelle “le gouvernement, l'opposition et les hommes armés à arrêter immédiatement les actes de violences”, a déclaré M. Zhai, estimant que le calme devait revenir “le plus rapidement possible”. Avant sa visite, l'émissaire avait rappelé que son pays n'approuverait “pas une intervention armée en Syrie, ni l'avènement par la force d'un soi-disant changement de régime”. Hier, Bachar Al-Assad a dit “apprécier la position de la Chine” et répété que les événements en Syrie visaient selon lui “à diviser ce pays, à porter un coup à sa position géopolitique et à son rôle historique dans la région”. La veille, il avait à nouveau évoqué des réformes, tout en prévenant qu'elles ne pourraient se faire qu'avec un retour au calme. Cette visite a coïncidé avec les manifestations dans la capitale syrienne où des milliers de personnes ont participé hier aux funérailles des victimes de la veille, et essuyé à nouveau les “tirs nourris” des forces de sécurité, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants. Encouragés par cette mobilisation à Damas, plus habituée aux manifestations massives de soutien au régime, les militants contre le président Al-Assad ont appelé hier les habitants de la capitale à une journée de “désobéissance” aujourd'hui. Le principal rassemblement de vendredi et les funérailles de samedi ont eu lieu à Mazzé, un quartier stratégique de l'ouest de la ville abritant de nombreuses ambassades, des bâtiments gouvernementaux et des services de sécurité ainsi que certains quotidiens officiels. Les tirs des forces de l'ordre pour disperser la manifestation à Mazzé avaient fait quatre morts, dont deux adolescents, selon l'OSDH, qui a dénombré au total 30 civils tués à travers le pays sur la journée. Pour rappel, les autorités syriennes ont prévu un référendum le 26 février sur un projet de nouvelle Constitution supprimant l'hégémonie du parti Baas, mais l'opposition et les militants pro-démocratie ont annoncé leur volonté de boycotter le scrutin qualifié de “plaisanterie” par Washington. M T