Résumé : Pour voir plus clair dans sa situation, Nedjma décide de consulter une avocate. Cette dernière lui révélera qu'elle pouvait déposer une plainte pour abus de confiance et abandon de foyer. La jeune femme repense à Nassima et à ses enfants. Va-t-elle en faire de même elle aussi ? Elle en doutait. De retour à la maison, elle reçoit un coup de fil de Mustapha. Je ne le laissais pas placer un mot. à chaque tentative de sa part, je reprenais mes remontrances. Je lui appris que je savais tout et qu'il devrait me rembourser l'intégralité de mes salaires. Dans le cas contraire, je l'attaquerais en justice sans hésitation aucune. Il garda le silence. Je reprenais mes remontrances et, dans mon élan, je prononçais le nom de Nassima. Au moment où je me rendais compte de ma gaffe, je constatais qu'il avait raccroché. Que va-t-il se passer ? Mustapha a dû tout comprendre en entendant le nom de sa femme et, tel qu'elle me l'avait certifié, il allait lui faire passer un mauvais quart d'heure. Je m'en voulais à cette pensée. Nassima va m'en vouloir aussi, et le comble je ne connaissais même pas son adresse. Je passais de longues heures à méditer sur mon sort et le sien. Dans l'après-midi, mon téléphone se remet à sonner. C'était encore lui. - Elle a eu son compte, me lance-t-il et avant que je n'ai pu placer un mot, il avait raccroché. Je sentais une sueur froide suinter le long de mon dos. Cet homme était capable de tout. La phrase me trottait dans la tête. J'ouvrais la fenêtre de mon balcon et me penchais par-dessus la balustrade. Quelque chose me disait que mon mari n'était pas loin. En effet, je constatais qu'il se tenait à l'entrée de l'immeuble. Il lève la tête et me montre un couteau en désignant ses poignets. Avais-je saisi le message ? Va-t-il se couper les veines ? Sans réfléchir je tentais de l'en empêcher par des gestes apaisants. Je me penchais davantage pour lui faire des signes. Je vis des gens accoururent. Quelqu'un demande une ambulance. Mustapha s'était coupé les veines des deux poignets sans prendre en considération ni mes supplications ni mon affliction. Une façon de tirer sa révérence sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. Je poussais un long cri avant de perdre connaissance alors que j'étais penchée sur la balustrade. Ma mère accourut. Mais c'était trop tard. Mon corps bascula et atterrit sur le toit d'un véhicule, la tête la première. Dans mon élan, j'avais emporté un pot de terre, dont les débris s'étaient profondément enfoncés dans mon visage. L'ambulance arrive à temps pour qu'on puisse me prodiguer les premiers soins. On emporta le corps de Mustapha à la morgue, et le mien au service des soins intensifs. Je passais plusieurs jours dans un état comateux. Lorsque enfin je repris connaissance, on m'apprit que j'avais perdu le bébé dans ma chute et maintenant que le danger semble écarter, je pourrais toujours espérer avoir d'autres enfants. Ce qu'on ne m'avait pas appris sur le champ, c'était que mon visage n'avait plus rien d'attrayant. On m'installa dans une chambre isolée et, durant de longues journées, je ne pouvais ni bouger, ni même respirer sans mon masque à oxygène. Tous les matins, le médecin passait prendre de mes nouvelles et donnait des instructions pour qu'on me change les pansements et qu'on m'aide à reprendre mes réflexes. Je sentais que les sutures de mon visage tiraient. Un jour, je demandais à une infirmière de me passer un miroir. Je perçus tout de suite son hésitation. Elle argua qu'elle n'en possédait pas, mais qu'elle allait m'en procurer un à sa prochaine garde. (À suivre) Y. H.