Même si l'attentat n'a pas fait de morts, la population est profondément choquée, d'autant que c'est la première fois que la capitale du Hoggar est le théâtre d'un acte terroriste similaire. Les habitants de la ville de Tamanrasset ont vécu, hier, une journée particulière suite à l'attentat kamikaze survenu contre le Groupement de la gendarmerie. L'attentat s'est produit vers 7h45 du matin quand un véhicule de type Toyota Station, venu de la route secondaire de la cité de Tahaggart qui débouche directement sur l'enceinte du groupement, a foncé à grande vitesse dans le portail de l'institution avant d'exploser en percutant les trois véhicules garés dans la cour. Cet attentat, qui a produit une détonation entendue à plusieurs kilomètres à la ronde, a provoqué un affolement général de la population qui venait à peine de se réveiller. La panique a gagné tous les éléments du groupement ainsi que les habitants de Tahaggart qui n'entendaient habituellement parler de ce type d'incident que sur les chaînes télévisées et autres médias. Fort heureusement, cet attentat-suicide n'a pas fait de mort. Uniquement des blessés. 23, selon un bilan officiel dont 15 gendarmes, 5 éléments de la Protection civile et 3 citoyens. Toutes les victimes ont été évacuées vers l'hôpital de la ville de Tamanrasset et leur situation est hors de danger, à l'exception d'un gendarme gardé sous observation médicale, rassure la même source. Il faut dire que l'explosion a occasionné également des dommages collatéraux. Les pare-brise du bus appartenant à l'Entreprise de gestion des services aériens (EGSA) ont été totalement brisés ainsi que ceux des véhicules qui étaient de passage et ceux stationnés non loin du groupement. La population de Tamanrasset paraît sérieusement traumatisée par cet attentat et certains habitants, ceux de la cité de Tahaggart en particulier, commencent à s'inquiéter vivement de la sécurité de leur ville pourtant renommée pour sa quiétude et ses festivals. “Je ne crois pas mes yeux. C'est affreux. On se croirait en Irak. Jamais je n'aurais imaginé une chose pareille à Tamanrasset. J'étais au marché du centre-ville quand l'explosion s'est produite. Le ciel était couvert d'un grand nuage de poussière”, raconte un habitant de Tahaggart. “Je n'ai pas quitté l'endroit depuis 8h30 et la sirène de l'ambulance appartenant à la Protection civile ne s'est pas arrêtée une seconde. Il y a eu plusieurs victimes. On nous a empêchés de les prendre en photo pendant les évacuations”, témoigne un autre. Yazid n'est pas venu par simple curiosité pour constater l'ampleur des dégâts provoqués par la détonation, comme c'est le cas de nombreuses personnes parmi les badauds, mais pour remercier Dieu de l'avoir épargné d'une camarde certaine. “J'ai frôlé la mort de justesse. J'étais de passage à destination du marché de la ville, derrière un véhicule déglingué qui a été sérieusement touché par l'explosion.” Heureusement, le chauffeur est sorti indemne, hormis les quelques écorchures sur son visage. Aussitôt les blessés évacués vers l'hôpital, toute la zone de l'attentat est bouclée par un dispositif de sécurité. Pendant que certains s'occupaient à rétablir l'ordre, d'autres tentaient de retrouver les débris du véhicule pour les besoins de l'enquête. R K