Selon le président de Sirius, le croissant lunaire se formera, mais ne sera visible d'“aucune contrée du monde musulman ou arabe”. L'Aïd El-Fitr devrait être célébré demain, affirme, catégorique, l'association scientifique Sirius, qui dépend de l'Institut de physique de l'Université Mentouri de Constantine. Cette prédiction est basée sur des critères astronomiques jugés irréfutables. “La conjonction du mois lunaire correspondant à la fin du ramadan aura lieu dimanche (hier, ndlr) à 23h59, soit dix-sept heures et quarante minutes avant le coucher du soleil, le jour de la nuit du doute (aujourd'hui)”, souligne Sirius dans un communiqué. Conclusion : “Si on n'impose pas l'observation de visu du croissant, mais seulement l'occurrence de la conjonction avant le coucher du soleil (la Libye est citée en exemple), le jour de l'Aïd sera nécessairement mardi (demain, ndlr).” Association réputée pour son sérieux, Sirius recommande au Comité des Croissants du ministère des Affaires religieuses de prendre contact avec les instances scientifiques et religieuses de l'Afrique du Sud, “seul pays africain où l'observation du croissant reste éventuelle”. Le président de l'association insiste sur le fait que prétendre voir le croissant, aujourd'hui, — en dépit de sa formation donc —, que ce soit localement ou à l'échelle arabe, est “astronomiquement impossible”. évidemment, l'islam, qui recommande le savoir, ne peut être antinomique avec la science. Il demeure pourtant des bordures que les savants musulmans se gardent toujours de franchir, comme celle précisément de l'observation de la nuit du doute. Et, par ricochet, l'observation de croissant lunaire dont, en pareilles circonstances, le sort des entreprises économiques et commerciales est intimement lié. Les efforts de réflexion (les fatawi, pluriel de fetwa), en la matière, relèvent des prérogatives exclusives des savants de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) basée à Djeddah, en Arabie Saoudite. Or, les associations scientifiques, à l'exemple de Sirius, semblent avoir, aujourd'hui, les compétences et les moyens de prédire la nouvelle lune, correspondant au début du mois de ramadan ou, dans ce cas précis, à l'Aïd, sans pour autant vouloir défier la religion, ni remettre en cause ses sacrements. L'année dernière, nous rapportions dans les colonnes de Liberté les propos d'un responsable du Centre de recherches astronomiques de Bouzaréah (Alger), qui fixait la date de l'Aïd. Il avait vu juste ! Mais les Algériens seront, ce soir, à l'écoute du Comité des Croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses, seul habilité à “valider” la date de l'Aïd El-Fitr. Puisse au moins la fête être bonne ! L. B.