Comme attendu, la sempiternelle question de l'observation du croissant lunaire, laquelle détermine la journée de l'Aïd, synonyme de la fin du mois de jeûne, revient encore cette année et alimente déjà la spéculation. Entre la rigueur des scientifiques et le rigorisme religieux des instances chargées de fixer autant la date du début que de la fin de Ramadhan, comme le Comité national des croissants, le consensus n'a jamais été établi. Et pour cette année encore, la confusion n'est pas totalement écartée. Selon l'association Sirius de Constantine, dont les prévisions sont basées sur des données astronomiques, la conjonction du mois lunaire correspondant à la fin du Ramadhan aura lieu le vendredi 12 novembre à 15 h 27. En outre, ajoute la même source, ce jour-là la lune se trouvera en dessous de l'horizon lors du coucher du soleil. “Ce qui ajoute une autre impossibilité quant à sa visibilité si besoin était”, explique Sirius dans un communiqué rendu public. Au regard de ces données, la lune ne sera donc pas vue ce jour-là nulle part en Algérie ainsi que dans aucune contrée du monde musulman, de même qu'en Amérique. Ce qui, théoriquement, revient à dire que la visibilité du croissant n'interviendra que le lendemain, soit samedi, et que l'Aïd ne sera célébré que dimanche. “Nous espérons donc que le Comité des croissants lunaires dépendant du ministère des Affaires religieuses exercera toute la retenue nécessaire dans le cas de réception de rapport positif de visibilité afin de ne pas entériner une observation impossible scientifiquement”, note le communiqué non sans ajouter, un tantinet ironique, qu'“à moins d'assumer que certaines gens ont le don de voir en dessous de l'horizon !”. D'ailleurs, l'association ne manque pas de rappeler que la prétendue observation du croissant le 15 octobre sur la base de laquelle l'Algérie a jeûné le vendredi est erronée. “Nous réitérons la position des astronomes de par le monde que la visibilité du croissant ce jour-là était impossible et que donc ce qui a été vu à Djelfa et à Tamanrasset pouvait être tout sauf le croissant lunaire ! Le Comité des croissants doit assumer toute sa responsabilité quant à son acceptation de ces observations erronées”, note l'association. Elle précise que les autres pays arabes avaient commencé le jeûne sur la base de la complétion du mois de chaâbane et non sur la visibilité effective du croissant. Reste cependant qu'en dépit de ces précisions, il appartient en dernier ressort au comité religieux d'émettre la fatwa sur la fin de Ramadhan. Une décision qui doit reposer, comme le prescrit le Coran, sur l'observation à l'œil nu du croissant lunaire. K. K.