Seule la vision du croissant est censée confirmer la date de la fête. Et voilà, l'Aïd El-Fitr qui s'approche, annonçant la fin de Ramadan. Et comme chaque année, un certain suspense commence déjà à planer, constituant un sujet de prédilection auprès des citoyens. Une semaine avant la fin, la sempiternelle question que se posent tous les Algériens: «L'Aïd, c'est pour quand?», prend corps et les rumeurs qui sont souvent jetées au gré des vents, commencent à circuler, perturbant ainsi jusqu'aux institutions les plus sensibles de l'Etat. Cela dit, seule la vision du croissant est censée confirmer le jour de l'Aïd. En attendant, l'ensemble des travailleurs algériens, vivent l'espace d'un semaine, dans un état de perturbation manifeste. Et pour cause, du premier jour de l'Aïd dépend leur programme. Y-aura-t-il un «pont» si l'Aïd tombe un dimanche? Ce genre de question, inévitables en pareille occasion, foisonne en cette période de «pré-fête». Dans les lieux de travail on se contente d'afficher: «Les journées du 1er et du 2éme Choual 1425 seront chômées et payées». Autant dire que les pouvoirs publics défoncent des portes ouvertes. Et pour cause, ce laconique et bref message n'est accompagné d'aucune précision. Pour glaner plus d'informations, il suffit de prendre son mal en patience jusqu'à ce que le Comité national des croissants se réunisse sur le plateau de l'Entv, le temps d'une ou deux heures, jusqu'à ce qu'un citoyen arrive, enfin, à entrevoir le fameux croissant et passer un coup de téléphone aux cheikhs pour leur annoncer la nouvelle. C'est de cette façon que «la convention» annonce la fin du mois de Ramadan et autorise l'ensemble du peuple à célébrer la fête. L'Histoire retiendra certainement cet épisode qu'a vécu notre pays durant les années de braises et où la fête de l'Aïd El-Fitr était sujet à controverse. Des islamistes radicaux ont décrété la fin du Ramadan une journée avant le reste du peuple algérien. Pourtant l'Islam n'a eu de cesse d'encourager et d'inciter l'humanité à opter pour le développement de la science, positive bien sûr, car ne dit-on pas que «science sans conscience n'est que ruine de l'âme». Cela dit, tout un chacun sait qu'aujourd'hui, on n'a plus besoin d'observer le croissant lunaire à l'oeil nu du moment que l'astronomie est à même de confirmer avec toute la rigueur scientifique, l'apparition ou pas du croissant lunaire. Ce travail est réalisé annuellement par des astronomes algériens, dont l'Association Sirius d'astronomie et le docteur Bounatero qui annoncent «la conjonction du mois lunaire correspondant à la fin du Ramadan pour le vendredi 12 novembre 2004 à 15h 27, heure d'Algérie, correspondant au 29 Ramadan, soit donc 2 heures seulement avant le coucher du soleil à Constantine.» Scientifiquement parlant, «la lune se trouvera en dessous de l'horizon lors du coucher du soleil, ce qui ajoute une autre impossibilité quant à sa visibilité si besoin est. Le croissant lunaire n'étant donc ni formé ni au-dessus de l'horizon, il ne sera visible ce jour-là (vendredi ndlr) nulle part en Algérie ainsi que d'aucune contrée du monde musulman ou arabe». En d'autres termes, l'Aïd est pour dimanche. Ainsi donc, le citoyen demeure tenaillé entre le développement scientifique qu'on refuse de reconnaître et la stagnation religieuse qui continue de primer. On attendant, le Comité national des croissants se réunira demain et entamera la fameuse «laïlat echak» (la nuit du doute) au cours de laquelle on fixera la date de l'Aïd el Fitr.