Au point mort en championnat, Marseille, transfiguré dès que l'hymne de la Ligue des champions retentit, a éliminé, mardi, l'Inter Milan. Un des grands exploits de son histoire, qui lui vaut de représenter seul la France en quarts de finale de la C1. Et de figurer parmi les huit meilleures équipes européennes pour la première fois depuis 1993, année de son titre européen. Malgré son but d'avance du match aller (1-0), cet OM aux quatre défaites consécutives en championnat inspirait de sérieux doutes sur sa capacité à conserver ce maigre capital. “Il va falloir se métamorphoser”, avait lancé lundi son gardien et capitaine, Steve Mandanda, sans s'imaginer devenir le héros malheureux de ce nouveau chapitre de la légende olympienne. Sans ses deux arrêts de classe internationale, dans le premier quart d'heure, face à Sneijder et Milito, le match aurait pris une tout autre tournure. Deux sauvetages qui ont donné confiance à des Marseillais qui ne se sont jamais affolés, soucieux de conserver le ballon et de construire. “Steve ? Il est énorme, on le savait déjà”, a réagi Stéphane Mbia, lui aussi auteur d'une très grande performance au milieu du terrain. “En première période, quand il fait ses arrêts, on s'est regardé et on s'est dit : — on ne peut pas perdre —.” Seul gros bémol, son exclusion en toute fin de match, pour un second carton jaune, synonyme de suspension au match aller des quarts de finale (27 ou 28 mars). “Je suis surtout déçu pour mon premier carton jaune (pour gain de temps). Mais le plus important, c'est la qualification”, a commenté Mandanda. Extrêmement rassurant dans l'axe, le défenseur Souleymane Diawara sera aussi suspendu. Bête noire de Claudio Ranieri, qui ne l'a jamais battu, avec Chelsea comme avec l'Inter, Didier Deschamps a donc réussi le miracle de remobiliser un groupe apparu démuni face à des équipes qui n'arrivent pourtant pas à la cheville de l'Inter. Bénéficiant du retour de ses cadres (Loïc Rémy, Mathieu Valbuena et André Ayew), le plus italien des entraîneurs français avait choisi d'aligner une équipe capable de porter le danger et pas seulement de défendre son but d'avance. Option payante : avant le but de Milito à la 75', Rémy, et Diarra de la tête, auraient pu ouvrir le score. Mais, surtout, Deschamps a eu le génie de faire entrer à la 88e minute le Brésilien Brandao qui lui avait confié être “sûr de marquer”. Mission accomplie 5 minutes plus tard. L'ancien champion du monde a aussi maintes fois répété à son groupe un principe qui lui avait souvent réussi en tant que joueur, notamment lors de la victoire contre l'Italie à l'Euro 2000 : “il faut y croire jusqu'au bout.” Résultat, les quatre derniers buts de l'OM en Ligue des champions (2 contre Dortmund, 2 contre l'Inter) ont tous été inscrits après la 85e minute. Paradoxalement, cette cinquième défaite consécutive est une grande victoire pour l'OM. Seul représentant français au prochain tour, après l'élimination de Lyon par l'Apoel Nicosie, il est propulsé parmi les huit meilleures équipes européennes pour la première fois depuis 1993, année de son sacre contre le Milan AC. On pourra arguer que l'Inter Milan a perdu de sa superbe depuis son triomphe dans l'épreuve en 2010. Mais l'OM a désormais le droit de rêver, quand quelques géants européens ont déjà disparu : Manchester United et City, Liverpool... De plus, ce succès pourrait lui permettre de rebondir en championnat. Quant à l'adversaire idéal au prochain tour, connu vendredi, si Nicosie est sur toutes les lèvres, la mésaventure lyonnaise devrait appeler à la prudence.