La Syrie a marqué dans le sang le premier anniversaire de la révolte de ses populations. Le “printemps de Damas”, contre le régime du Baas et des Assad est entré dans sa deuxième année avec une escalade de la répression par un régime de plus de quarante ans, déterminé à l'écraser et surtout enhardi par l'impasse diplomatique du fait du soutien ferme russo-chinois et de divisions internationales quant à la nature des aides à prodiguer à la résistance. Hier, 27 personnes, en majorité des civils, ont été tuées et 97 autres blessées, dans deux attentats à Damas, a affirmé la télévision officielle syrienne al-Ikhbarya, citant le ministre de la Santé. Par ailleurs, la télévision indique que “trois corps déchiquetés” avaient été retrouvés sans toutefois préciser s'ils sont inclus dans le total des morts. La télévision d'Etat avait auparavant indiqué que les deux attaques avaient visé une direction de la police criminelle et un centre de renseignements. Les deux explosions ont eu lieu dans le centre de Damas, l'une entre le boulevard de Bagdad et le quartier al-Qasaa, et la seconde dans le quartier de Douar al-Jamarik, selon l'autre chaîne de télévision d'Etat. Ceci étant, la nouveauté est dans le mécontentement manifesté par les pays du Golfe. Quatre membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) vont fermer leurs ambassades en Syrie, pour protester contre la répression menée par le régime de Bachar Al-Assad. La fermeture des missions diplomatiques du Qatar, du Koweït, des Emirats arabes unis et du sultanat d'Oman traduit le rejet “du massacre et du supplice ininterrompus infligés par le régime au peuple syrien désarmé, son insistance à utiliser l'option militaire et à ignorer tous les efforts destinés à mettre fin à la situation tragique vécue par nos frères syriens”, a précisé le secrétaire général du CCG, Abdoullatif al-Zayani. Cette défection porte à sept le nombre de pays arabes qui ont rompu leurs relations avec les autorités de Damas. L'Arabie saoudite et Bahreïn, deux autres membres du CCG, ainsi que la Tunisie avaient ouvert auparavant le bal des fermetures des ambassades arabes. Aujourd'hui, Bachar Al-Assad ne compte plus que sur Moscou, Pékin, Téhéran et le Hezbollah au Liban. Mais, il joue également sur les divisions du reste du monde qui n'arrive pas à accorder ses violons quant à l'ultime action devant favoriser la chute de son régime. Beaucoup craignent le syndrome libyen, que ce soit chez les arabes ou dans le camp occidental. Divisée, la communauté internationale se contente ainsi de condamner régulièrement les morts de civils, sans cacher sa réticence à l'idée d'une intervention militaire ou d'un envoi d'armes à la rébellion. L'émissaire international Kofi Annan devait rendre compte vendredi au Conseil de sécurité des résultats de sa récente mission en Syrie, d'où il était revenu bredouille. Bachar Al-Assad croit encore en sa bonne étoile en faisant manifester des dizaines de milliers de Syriens jeudi en soutien pour sa fermeté “contre le terrorisme et le complot international”. Une démonstration de force du régime le jour du premier anniversaire de la révolte populaire réprimée dans la violence. Kofi Annan bien qu'il ait conclu sa mission dans la capitale syrienne d'échec, va renvoyer une mission “technique” pour tenter d'amadouer Bachar Al-Assad ! A-t-il eu des promesses de la part des Russes qu'ils feront quelques gestes pour contraindre le président syrien à des concessions au moins sur le plan humanitaire ? D. B.