La parité concédée samedi à l'USMA a fortement secoué de l'intérieur une bâtisse mouloudéenne plus proche de l'effondrement total que de la rénovation. Les scènes d'émeute qui ont accompagné la sortie du stade des joueurs, de leur staff technique et de leurs dirigeants démissionnaires, sous forte escorte policière, ont altéré encore plus le climat de crise qui prévaut depuis quelques semaines déjà à El-Hamri. Au repos hier, les joueurs ont été informés par leur staff technique de la reprise des entraînements pour aujourd'hui au stade Zabana, mais personne n'ose y mettre les pieds de peur d'être carrément lynché par les supporters qui ne décolèrent pas. “Personne ne veut risquer sa vie et se présenter au stade. Si la séance d'entraînement est maintenue à Zabana, personnellement il est hors de question que je m'y présente. Mes coéquipiers sont d'ailleurs du même avis”, nous confiait l'un des titulaires de samedi face à l'USMA. Cette peur d'affronter la grogne d'un large public connu pour son bouillonnement et sa violence n'est, toutefois, pas l'apanage seulement des joueurs, mais aussi des responsables administratifs qui ont vite fait de démissionner sitôt le nul concédé, à l'image du P-DG Youssef Djebbari et du manager général Haddou Moulay, laissant le MCO sans réel patron ou éventuel meneur. “Je refuse de payer seul les erreurs commises en début de saison par les autres. On m'a intronisé président en me promettant aide et assistance, mais voilà que je me retrouve seul à être insulté par le public, ce que je ne peux cautionner ni accepter”, tentait d'ailleurs d'argumenter le président démissionnaire. Le seul qui semble encore assez déconnecté de la réalité de la rue demeure, paradoxalement, l'entraîneur suisse Raoul Savoy. Le fait de confier ce qu'il appelle “la préparation psychologique” à son adjoint, le Camerounais Agbo Hans, en est une des preuves les plus tangibles, voire risible ! Dans l'entourage proche du club, “personne n'a vraiment compris cette manière de faire de charger un entraîneur adjoint, qui n'est là que depuis quelques jours seulement et qui ne connaît absolument rien des traditions du vestiaire mouloudéen, de parler, de tenter de motiver et de préparer psychologiquement dans un français typiquement africain des joueurs dont la plupart ne maîtrisent aucunement cette langue !”. “Comment un ancien joueur camerounais inconnu peut-il influencer, par la rhétorique, un joueur du MCO qui n'assimile même pas de consignes en arabe ?”, ironisaient, en ce sens, dans une certaine logique, des proches du club, tout aussi critiques envers l'hispano-suisse Savoy “pour avoir effectué des changements hasardeux qui ont déséquilibré l'équipe face à l'USMA et qui ont considérablement limité la force de frappe de l'avant-garde et paralysé ses manœuvres offensives”. Plus que jamais dans la gueule du loup, le Mouloudia d'Oran, même en passant à l'heure helvéto-camerounaise du tandem Agbo-Savoy ne… voit assurément pas l'avenir en mieux. Encore moins lorsque le calendrier affiche un imminent déplacement à Tizi Ouzou pour y défier une JS Kabylie condamnée, elle aussi, à ne plus perdre de points… R. B.