Moins de 48 heures après un quadruple meurtre dans une école juive à Toulouse, il a été encerclé dans la nuit de mardi à mercredi dans un appartement de la ville Rose. Sa reddition était encore attendue hier soir. Les parachutistes Imad ben Ziaten et Mohamed Legouad — musulmans comme lui — Abel Chennouf, converti, et Loïc Liber, Antillais, tous tombés sous ses balles auraient pu être ses collègues. Mohamed Merah, l'homme de 23 ans, soupçonné d'être le tueur de Montauban et de Toulouse, a tenté à deux reprises sans succès de s'engager dans l'armée française, d'abord dans l'Armée de terre en 2008, puis deux ans plus tard dans la Légion étrangère. Sa candidature a buté sur les antécédents judiciaires de ce carrossier d'origine algérienne au passé de délinquant. Mohamed Merah a été condamné “à quinze reprises” quand il était mineur. Il présentait un “profil violent” dès l'enfance, des “troubles du comportement quand il était mineur, compatibles avec l'extrême violence des faits” récents. Moins de 48 heures après un quadruple meurtre dans une école juive à Toulouse qui a provoqué une suspension de la campagne électorale, il a été encerclé dans la nuit de mardi à mercredi dans un appartement de la ville rose. Une intervention qui l'a empêché de commettre un nouvel attentat contre un autre militaire. L'action était inscrite à son agenda pour mercredi matin, selon ses propres aveux faits pendant les premières tentatives d'obtenir sa reddition. Au cours de la négociation, il s'est vanté d'avoir “mis la France à genoux” et assuré avoir toujours agi seul. “Il n'exprime aucun regret”, sinon de “ne pas avoir fait plus de victimes”, a indiqué le procureur de Paris, François Molins, en charge de l'enquête. Le jeune homme, né le 10 octobre 1988 à Toulouse, qui revendique son appartenance à Al-Qaïda, s'est radicalisé “au sein d'un groupe d'idéologie salafiste et affermi lors de deux voyages, l'un en Afghanistan, l'autre au Pakistan”, selon le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. Intercepté lors d'un contrôle routier par la police afghane, il avait été remis aux Américains qui l'avaient renvoyé en France. “De la mi-août à la mi-octobre 2011”, il s'est rendu au Pakistan : un séjour écourté car il a contracté l'hépatite A. Il a expliqué aux négociateurs qu'il avait “voulu venger la mort d'enfants palestiniens” en s'en prenant le 19 mars à une école juive et a expliqué l'assassinat des trois parachutistes par son opposition aux interventions étrangères de l'armée française, a dit M. Guéant. Le suspect était “suivi depuis plusieurs années par la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) et ses agents toulousains”, selon lui. Un de ses frères est “engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste”. Sa mère a expliqué qu'elle n'avait “guère d'influence sur lui”. La mère, née Aziri, et le frère, Abdelkader, ont été interpellés. Si le suspect a été repéré par la DCRI, “jamais aucun élément de nature à (faire) penser qu'il préparait une action criminelle n'était apparu”, selon M. Guéant. Pourtant, ce point risque de nuire à la volonté du président Nicolas Sarkozy d'engranger les bénéfices attendus de l'arrestation. Survenue plus tôt après le meurtre des militaires, l'arrestation aurait empêché l'attaque contre l'école juive. L'analyse des vidéos et du profil psychologique de Mohamed Merah ont été déterminantes dans son identification, a indiqué le procureur de Paris. La journée de mardi, quand sont arrivés les résultats de ces analyses, a été un “vrai tournant des investigations”, a-t-il dit. Le scooter qui aurait servi à Mohamed Merah pour les sept assassinats ainsi que les deux casques noir foncé et blanc ont, par ailleurs, été retrouvés grâce à ses déclarations, et une Clio pouvant contenir des armes et des munitions est recherchée. Une caméra “a également été retrouvée”, a ajouté le magistrat. Un témoin a affirmé avoir vu le tueur équipé d'une “Go Pro”, petite caméra que l'on peut sangler sur le front et qui permet de prendre des images en grand angle. Politiquement, c'est l'extrême droite qui a très vite essayé de récolter les avantages électoraux de l'affaire. Dès le début de la matinée, la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui faisait profil bas depuis la fusillade devant l'école juive lundi matin, a été la première candidate à l'Elysée à dégainer pour attaquer le “laxisme” vis-à-vis de la montée, selon elle, du “fondamentalisme” musulman en France. S'attachant à refuser tout “amalgame” entre “Français musulmans” et “fondamentalistes”, elle en a profité pour mettre en avant l'un des marqueurs frontistes, à savoir la promesse d'un référendum sur le rétablissement de la peine de mort et la “perpétuité réelle”. Côté communautaire, c'est la peur de l'amalgame “musulmans/terroristes” qui prédomine. Y S.