Outré par la réponse du ministère de l'Intérieur à la requête des partis concernant le bulletin de vote unique, qu'il a d'ailleurs qualifiée de “risible”, Abdelmadjid Menasra, le président du Front du changement, a menacé, hier, lors d'une conférence de presse à l'hôtel Essafir (Alger) de se retirer de la course. “Le conseil consultatif du parti se réserve le droit de revoir la décision de participation s'il constate que les risques de fraude sont trop grands”, a-t-il prévenu. Pour lui, le refus du ministère de l'Intérieur de la proposition du “bulletin unique” est une manière “d'encourager la fraude” et de donner “des messages négatifs au peuple algérien”. Mieux, il incite les membres de la Commission nationale de surveillance des élections à geler leur activité au sein de cette instance s'il leur est impossible de peser sur le déroulement du processus électoral. Si les voyants sont au rouge, pourquoi alors aller aux élections ? “Les voyants ne sont pas au rouge mais à l'orange. Notre rôle est de les mettre au vert”, nuance-t-il. “Il ne faut pas avoir peur de la démocratie et de la volonté du peuple. Notre souhait est que toutes les parties s'interdisent toute fraude”, assure-t-il. Si Menasra semble nourrir des inquiétudes quant à la possibilité de voir les suffrages des Algériens détournés, il ne pense pas, toutefois, que le boycott est la meilleure attitude pour imposer le changement. “Le boycott est une position politique que nous respectons. Mais je ne pense pas qu'avec le boycott on puisse faire tomber le régime ou imposer le changement et faire avancer ses idées. il n'est pas efficace ni utile”, explique-t-il, non sans ajouter : “La participation est positive pour nous et pour la démocratie. Je suis sûr que la fraude ne sera pas aussi importante que par le passé.” Qu'en est-il réellement de la présence des militants de l'ex-FIS et même du courant salafiste sur les listes de son parti ? M. Menasra confirme à demi-mot. “Notre parti est ouvert à tous les Algériens. La loi n'interdit pas aux gens du FIS de militer dans des partis. Mais tous nos candidats jouissent de leurs droits légaux”, argumente-t-il. Mieux il s'est dit honoré par le soutien de certaines figures salafistes connues pour “leur modération”, avant de préciser : “Tous nos candidats se présentent sous les couleurs du Front du changement.” Dans son programme électoral, le Front du changement a proposé d'approfondir le processus de réconciliation nationale. Ira-t-il jusqu'à faire revenir sur la scène politique l'ex-FIS ? “Il faut régler la tragédie nationale et ses effets. Il y a une partie des Algériens qui sont privés de leurs droits”, répond M. Menasra. N'ayant pas peur des mots, il s'est dit prêt à aller vers l'amnistie générale. “Des gens se sont opposés à la réconciliation nationale et aujourd'hui ils en sont les plus grands chantres. Donc ce qui est refusé aujourd'hui peut être accepté demain”, explique-t-il. Sur le plan économique, M. Menasra propose l'annulation de la règle49/51, le relèvement du SNMG à 30 000 DA, etc. Globalement, son parti a présenté un programme électoral fort de 365 propositions. Pour ce qui est des listes électorales, le Front du changement en a présenté 42 sur tout le territoire national et une seule à l'étranger. En tout et pour tout, le FC a présenté 456 candidats et 146 suppléants. A. C.