Profitant de la confusion régnant actuellement au Mali, le mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui a occupé, avec l'aide du groupe islamiste Ansar Dine et des éléments d'Aqmi, les villes de Kidal, Gao et Tombouctou, a déclaré hier l'indépendance de ce territoire. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), une importante composante de la rébellion touareg malienne, a proclamé hier “l'indépendance de l'Azawad”, un territoire du nord du Mali. C'est Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA en France, qui en a fait l'annonce sur la chaîne France 24, en écho à un communiqué sur le site internet du mouvement affirmant que “nous proclamons solennellement l'indépendance de l'Azawad à compter de ce jour.” Il a souligné au passage que le MNLA respectait “les frontières avec les Etats limitrophes” sahariens que sont l'Algérie, la Mauritanie et le Niger. “Nous venons de terminer un combat très important, celui de la libération”, a-t-il ajouté, avant de dénoncer “les forces terroristes qui ont profité de cette situation”, faisant implicitement allusion aux islamistes. Et c'est là que l'on s'interroge sur l'opportunité de cette déclaration d'indépendance du MNLA que de nombreuses sources d'information donnaient comme défait par les islamistes d'Ansar Dine, dirigés par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont pris le dessus sur ses forces notamment à Gao et Kidal. Que vaut réellement cette déclaration, si ces informations s'avèrent vraies ? Rien n'indique, en effet, que le MNLA contrôle effectivement le territoire sur lequel il affirme fonder un Etat. Selon divers témoignages, les islamistes et les groupes criminels auraient pris le dessus sur les forces du MNLA, relativisant ainsi la déclaration unilatérale d'indépendance des rebelles touareg qui ne semblent pas en mesure de contrôler “leur” territoire, comme ils veulent le faire croire. Le porte-parole touareg, qui a déclaré que “nous avons proclamé la fin des opérations militaires pour répondre à la communauté internationale”, donne l'impression de vouloir réduire l'importance de la prééminence des islamistes sur le terrain dont l'objectif est d'imposer la charia. Une chose est sûre, cette “déclaration d'indépendance”, dans laquelle le MNLA proclame “l'adhésion totale à la charte des Nations unies” et son “engagement ferme à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l'Etat basés sur une Constitution démocratique de l'Azawad indépendant”, sera difficile à concrétiser sur le terrain tant que le groupe Ansar Dine et les membres d'Aqmi signalés à Gao et Tombouctou continuent à faire parler d'eux. D'ailleurs, en réaction à cette déclaration d'indépendance du MNLA, le chef militaire du groupe islamiste, Ansar Dine, qui a pris le contrôle de la ville de Tombouctou dans le nord du Mali, a affirmé mener une guerre “contre l'indépendance” et “pour l'islam”, dans une déclaration publique. “Notre guerre, c'est une guerre sainte, c'est une guerre légale au nom de l'islam. Nous sommes contre les rebellions. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l'islam, nous sommes contre. On est venu pour pratiquer l'islam au nom d'Allah”, a expliqué à Tombouctou Omar Hamaha. “L'indépendance, c'est l'islam. C'est ça la vraie indépendance. C'est la pratique de la charia, du lever du soleil jusqu'au coucher du soleil (...). Nous, notre combat, c'est au nom de l'islam. Ce n'est pas arabe ou touareg, noir ou blanc. C'est au nom de l'islam”, a-t-il martelé. C'est dire que la situation est loin d'être claire et limpide dans le nord du Mali où une guerre entre MNLA, et ses soutiens, Ansar Dine et membres d'Aqmi n'est guère exclue dans les jours à venir tant les divergences sont nombreuses entre les deux camps. M T