La France a estimé vendredi qu'une «déclaration d'indépendance unilatérale » du Nord-Mali, «n'aurait pas de sens » si elle n'était pas reconnue par les Etats africains. «Une déclaration d'indépendance unilatérale qui ne serait pas reconnue par les Etats africains n'aurait pas de sens », a déclaré le ministre français de la Défense Gérard Longuet lors d'une conférence de presse devant l'association de la presse anglo-américaine. Quelques heures plus tôt, les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), importante composante de la rébellion touareg malienne, ont proclamé «l'indépendance de l'Azawad », vaste région du nord du Mali, dans une déclaration sur son site et via un de ses porte-parole sur plusieurs médias français. L'Azawad, zone grande comme la France et la Belgique réunies, est une région considérée comme le berceau naturel des Touareg. Mardi, le chef de la diplomatie française Alain Juppé avait exprimé l'opposition de la France à la revendication indépendantiste du MNLA. «Ce n'est pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à l'intégrité territoriale du Mali », avait-il souligné. Cependant, «cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d'un dialogue national, à une forme d'autonomie assortie d'une politique ambitieuse de développement. Le Nord n'a pas assez bénéficié pour l'instant d'efforts de développement aussi importants que le Sud du pays », avait-il indiqué. Profitant d'un putsch à Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont pris en fin de semaine le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d'une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux. Depuis, les islamistes d'Ansar Dine, dirigés par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont pris le dessus sur le MNLA. La montée en puissance de ces islamistes, qui ont annoncé leur intention d'imposer la charia dans leur zone, a suscité l'inquiétude au sein de la communauté internationale, en particulier de la France qui a obtenu mercredi le vote d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, demandant un cessez-le-feu immédiat dans le nord du Mali. A Tombouctou, les hommes d'Ansar Dine et les combattants d'Aqmi ont chassé le MNLA, dont seuls une vingtaine d'hommes sont cantonnés près de l'aéroport, et mis fin aux pillages au nom de leur nouvel ordre islamique, selon des habitants.