C'est Samir Bouakouir, chargé de conduire la liste France Nord, qui le souligne en expliquant que le contexte politique régional est favorable à la participation du FFS à cette élection. Ce fut juste un malentendu. L'hypothèse de voir le FFS renoncer aux élections législatives n'est pas d'actualité. “Il n'est en aucune manière question de retrait ; nous irons jusqu'au bout de ces élections”, a assuré samedi soir à Paris le responsable du parti à l'étranger, Samir Bouakouir, qui conduit la liste France Nord. En tout cas, il n'y aura pas de décision en ce sens liée au “processus de surveillance” du scrutin alors que les craintes d'une fraude ne sont pas apaisées dans ce pays où le tripatouillage des urnes n'est même pas couvert du voile de la discrétion. Cela n'entame pas la détermination du FFS qui a désigné comme seul adversaire “l'alliance présidentielle” par laquelle le système se “reproduit dans la société” en arrosant ses clientèles de la rente pétrolière. Se présentant devant la presse pour défendre la décision de son parti, M. Bouakouir a, bien entendu, refusé d'entendre parler de “quotas” décidés par ce système qu'il vilipende. Après avoir boycotté les législatives de 2002 et 2007, le FFS considère aujourd'hui une telle position comme une “coquetterie intellectuelle”. Elle est, explique M. Bouakouir, “en complète contradiction avec la nécessité de réhabiliter le politique et en total retrait avec les exigences d'un contexte général porteur de germes de dislocation nationale”. Face à ce risque, le boycott “peut même constituer une faute politique”. Le candidat du FFS ne cite pas, bien sûr, le RCD qui a décidé de boycotter après avoir participé en 2007 à peu près pour les mêmes raisons invoquées aujourd'hui par le plus vieux parti d'opposition : réhabiliter le politique face à la violence et faire de l'Assemblée nationale une tribune pour diffuser ses valeurs. Une différence avec 2007 : un contexte régional induit par le Printemps arabe dont les bourgeons ne sont pas encore visibles en Algérie. Et dans lequel le FFS refuse de voir une fantomatique “théorie du complot” à l'instar de Mme Louisa Hanoune, ex-partenaire du “contrat de Rome” partie ensuite vers d'autres rivages politiques. “Le changement démocratique en Algérie n'empruntera pas les mêmes voies” que dans les autres pays arabes, présume M. Bouakouir. “Il reposera sur des moyens politiques spécifiques qui tiennent compte de l'histoire récente du pays. Mais il dépendra des hommes de bonne volonté, y compris parmi les décideurs, d'éviter que le changement n'emprunte le chemin fatal pour l'unité et l'intégrité nationales, de la violence et du chaos”, a-t-il souhaité. Autre flèche plantée dans les flancs du RCD : “notre conviction est que le départ du pouvoir ne suffira pas à provoquer le changement radical et pacifique du système. Il est, certes, une condition, mais le vrai changement politique se construira à travers une prise de conscience individuelle et collective, par l'engagement et le réengagement politique et citoyen, par la construction d'espaces de discussion et de débats libres entre Algériens et Algériennes”, analyse M. Bouakouir, qui va porter les couleurs du FFS à Paris. À 45 ans, cet homme dont la courtoisie et la franchise tranchent avec l'agressivité et la fourberie de nombreux politiques, a accumulé une longue expérience au sein de l'exécutif du parti. Il a été secrétaire national à la jeunesse (1997), secrétaire national à la communication et porte-parole (1999), secrétaire national à l'animation politique (2000) et responsable à l'étranger (2011). Appelé à se présenter devant les électeurs de la partie nord de la France, il a dévoilé le projet sur lequel il entend mener campagne après avoir dénoncé les “discriminations” subies par la communauté nationale à l'étranger, ferment du sentiment nationaliste. “Comment peut-on continuer à imposer aux Algériens de l'étranger qui souhaitent investir dans leur pays les mêmes conditions qu'aux investisseurs étrangers ?” ; “comment peut-on exiger d'eux une équivalence des diplômes obtenus dans les grandes universités étrangères pour exercer en Algérie ?”, s'est-il demandé. Partant de ce constat, il entend “agir pour lever tous les obstacles politiques, bureaucratiques et juridiques à l'investissement et au transfert de compétences par des formations et à travers des échanges culturels et scientifiques” ou encore de “rappeler aux autorités politiques algériennes l'obligation d'assurer le conseil, l'assistance et la protection, sur tous les plans, de la communauté algérienne en France”. Dans ce pays où la campagne présidentielle a ravivé le sentiment raciste, il promet de “s'associer à toutes initiatives visant à dénoncer les comportements xénophobes, racistes et discriminatoires, quels qu'en soient les auteurs”. A. O.